Synthèse de 20 ans de travaux sur les pommes

Lutte contre les pourritures de conservation par thermothérapie après récolte

Synthèse de 20 ans de travaux sur les pommes
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La thermothérapie ou traitement par application d'eau chaude est considérée aujourd'hui comme une technique alternative efficace pour lutter contre les pourritures de conservation des pommes. Et pourtant cette méthode de lutte n'est pas très récente puisque Gilles Bompeix, professeur phytopathologiste à l'Université de Paris VI, la testait déjà dans les années 1970. À cette époque, l'arrivée des fongicides de synthèse a rapidement clôturé ce domaine d'expérimentation. Dès la fin des années 1990, des producteurs en agrobiologie se réapproprient le principe et en 1999, les premiers essais sur pomme reprennent en laboratoire à la station de La Morinière, puis au sein du réseau national conservation CTIFL/CEFEL/La Morinière. Au début des années 2000, la société XEDA, précurseur en France, propose un immerseur de palox automatisé. Aujourd'hui des machines industrielles ayant des débits de traitement adaptés pour les stations fruitières existent. Cette technique est de nos jours développée aussi pour d'autres usages, sur pêche, poire, jeunes plants, etc. Pourquoi, quand et comment traiter les pommes par thermothérapie ? Cet article dresse une synthèse des connaissances acquises au sein du réseau national conservation depuis 20 ans.

Publié le 01/05/2022

Temps de lecture estimé : 12 minutes

La thermothérapie, une double action contre les pourritures

L'objectif premier de la thermothérapie est de lutter contre les maladies fongiques de conservation de la pomme. La chaleur de l'eau chaude appliquée sur les fruits perturbe directement le développement des champignons pathogènes : elle inhibe la germination des spores, bloque l'élongation du tube germinatif et détériore les spores. L'étude biochimique des composés du fruit a aussi montré une réaction de défense du fruit, qui s'initie au niveau de l'épiderme. Plusieurs équipes ont démontré l'activation de mécanismes de défense de la plante, via la synthèse de certaines enzymes dont les protéines de choc thermique ou « heat shock proteins ». Le mode d'action de la thermothérapie serait donc double.

Les principales pourritures observées en sortie d'entreposage et après conditionnement sont les maladies des taches lenticellaires dites « gloeosporioses » et les pourritures causées par le genre Phytophthora. Viennent ensuite le chancre à Nectria selon la zone géographique et les pourritures sur blessures comme le pénicillium, le botrytis ou le monilia. Aux conditions adaptées à la pomme, la technique se révèle peu efficace contre ces pourritures sur blessures. Des articles scientifiques citent une efficacité de la technique contre le pénicillium, à une température de 55 °C durant 2 minutes. Mais à ces consignes, la majorité des variétés de pommes présentent des brûlures sur l'épiderme. La thermothérapie s'avère par contre efficace sur les gloeosporioses et le phytophthora1. La majorité des essais réalisés au sein du réseau concernent ces maladies et l'application d'eau chaude a toujours été réalisée par trempage.

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