Le projet GOOD, démarré en mai 2023, se propose d’établir un réseau européen d’acteurs des filières agricoles dédié à la gestion agroécologique et durable des mauvaises herbes. Le projet GOOD couvre les principales régions pédoclimatiques de l'Union Européenne et englobe un large éventail de productions agricoles représentatives de ces zones (cultures annuelles et
pérennes), dans les systèmes de production conventionnels, biologiques, ou mixtes (agropastoralisme). Le cœur du projet est le suivi et l'évaluation des impacts techniques, environnementaux, sociaux et économiques d’un panel de solutions agroécologiques de gestion des adventices.
Le site web du projet peut être consulté ici : www.goodhorizon.eu.
Les ambitions de GOOD sont les suivantes :
- Proposer, pour le long terme, des stratégies innovantes et agroécologiques de gestion des
adventices. - Développer des moyens de régulation des adventices invasives et concurrentielles.
- Accompagner les États-Membres dans la réduction de 50 % de l'utilisation des herbicides.
- Créer une communauté engagée dans l'agroécologie.
Concept, vision et résultats
Le concept
Les mauvaises herbes impactent la durabilité des systèmes agricoles européens et, dans les systèmes conventionnels, leur contrôle repose aujourd’hui largement sur le désherbage chimique. La réduction de l'utilisation et des risques liés aux pesticides est un objectif politique majeur de la stratégie européenne “De la ferme à la table”, qui vise à promouvoir l'agroécologie et la transition vers des systèmes agricoles durables et résilients. Le projet GOOD, d’une durée de 4 ans, s’appuie sur une approche multidisciplinaire et vise à bâtir et évaluer des stratégies de gestion agroécologiques des adventices.
Les solutions de gestion agroécologique des adventices proposées seront testées (seules ou en combinaisons), évaluées, et démontrées, sur plusieurs sites à travers l’Europe, dans ce qu’on appelle des « Living Labs » (ou « Laboratoires vivants »). Chaque Living Lab est représentatif des réalités agronomiques et économiques locales et régionales. Les activités des Living Labs seront co-élaborées avec un ensemble de représentants des parties prenantes (à l’échelle nationale) et ils couvriront six zones pédoclimatiques, avec aussi bien des cultures annuelles que pérennes.
Les Living Labs testeront un panel de leviers agroécologiques pour la gestion des mauvaises herbes, en système conventionnel, biologique, ou agro-pastoral : utilisation de couverts végétaux, seuls ou en combinaison avec certaines pratiques culturales, de microorganismes antagonistes, ou encore d’outils numériques. L’intérêt de ces méthodes sera établi au regard de leur contribution au maintien (voire l’amélioration) de la productivité des cultures et du revenu des agriculteurs.
Le projet GOOD se propose de :
- Faciliter l’adoption de pratiques agroécologiques, en créant un ensemble d’outils accessibles en ligne, destinés à divers publics parmi les parties prenantes, et notamment une plateforme de présentation des stratégies de gestion des adventices qui auront été identifiées.
- Développer et mette à disposition une boîte à outils numérique en accès libre destinée à aider les agriculteurs dans leur prise de décisions pour la gestion de l’enherbement.
- Produire un module de formation sur les solutions de gestion agroécologique des mauvaises herbes, établissant des lignes directrices faciles d’adoption et sur-mesure.
- Énoncer de Bonnes Pratiques de gestion des mauvaises herbes, étayées par des preuves quantitatives et qualitatives à l’échelle européenne.
- Valoriser les résultats obtenus par la production de modèles économiques et la proposition de recommandations politiques, pour inciter à la réduction de l’utilisation des herbicides dans les agroécosystèmes à travers l’Europe.
Les résultats attendus
- Création d’un Réseau de Gestion Agroécologique des Adventices.
- Développement de stratégies de gestion agroécologique des mauvaises herbes, durables, innovantes et validées sur le plan socio-économique, pour générer des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux, par la réduction ou la suppression des intrants chimiques et une utilisation optimisée des ressources naturelles, en cohérence avec les objectifs fixés par l’UE à l’horizon 2030.
- Introduction d’outils numériques pour la gestion des adventices.
- Amélioration de la résilience des systèmes agricoles sans compromettre leur productivité et
leur rentabilité.
Les Living Labs du projet GOOD
Les solutions de gestion agroécologique des adventices proposées seront testées (seules ou en combinaisons), évaluées et démontrées, dans plusieurs régions du territoire européen, dans ce qu’on appelle des Living Labs. Le projet GOOD évaluera des pratiques de gestion agroécologiques des adventices sur des cultures annuelles et pérennes, dans 16 Living Labs, répartis sur 9 pays européens (Portugal, Espagne, Italie, Grèce, Chypre, France, Pays-Bas, Serbie, Lettonie).
Table 1: Les Living Labs de GOOD : cultures travaillées et pays concerné
Les pratiques agroécologiques et alternatives
Chaque Living Lab sélectionne les pratiques de gestion agroécologique des adventices qui sont les plus pertinentes pour les cultures qui le concernent. L’étendue des pratiques qui seront expérimentées dans le projet GOOD est la suivante :
- Couverts végétaux.
- Couverts d’interculture/assolement.
- Pâturage.
- Fauche/tonte.
- Paillage.
- Contrôle mécanique.
- Faux-semis.
- Herbicides biosourcés.
- Désherbage automatisé/robots.
- Pulvérisation localisée de précision assistée par drone.
- Inoculation de couvre-sols par des champignons mycorhiziens arbusculaires.
Les informations spécifiques au Living Lab en France
Le Living Lab est porté par le Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes (CTIFL). Les expérimentations de notre Living Lab sont réalisées sur le modèle pomme (avec une ambition d'extension des résultats à d'autres espèces fruitières, chaque fois que possible) et se déroulent sur le Centre CTIFL de Lanxade, sur les bords de la Dordogne en Périgord Pourpre, à proximité de Begerac.
Sur ces terres alluviales de plaine, à dominance de sols limono-sableux, nous suivons deux essais menés en jeunes parcelles de pommiers en Production Fruitière intégrée, dans ces conditions proches de celles de l'exploitation agricole. L'objectif de ces deux essais est d'évaluer dans le cas spécifique du jeune verger de pommier, un ensemble de stratégies transférables à court terme, basées sur des équipements mécaniques existants et des combinaisons de méthodes.
Dans le 1er essai (en place depuis 2021), la phase de pré-plantation est aussi prise en compte, par le test de moyens visant à réduire le stock semencier d’adventices de départ (faux-semis ; occultation/solarisation). Dans le 2nd (démarrage en 2024), une diversité de couvre-sols implantés sur les rangs d’arbres sont aussi expérimentés, avec des mesures d’entretien complémentaires (herbicides pendant une phase transitoire limitée dans le temps ; ou entretien par la tonte). Sur un dispositif expérimental rigoureux couvrant près d’un hectare, 36 stratégies sont testées au total, et évaluées sur leur efficacité à réguler les adventices, sur leurs impacts sur les arbres, sur les propriétés physiques et chimiques du sol, et sur la faune utile endogée et épigée. Un ensemble d’indicateurs sont relevés tout au long des opérations mises en œuvre, pour permettre une évaluation économique de chacune de ces stratégies.
À côté de ces essais, nous explorons aussi la piste de la robotisation des opérations de désherbage mécanique dans le cas spécifique du verger, avec le test et l’appui à l’évolution de robots actuellement en développement, qui permettraient une automatisation de stratégies de tonte ou de travail superficiel du sol le long des rangs d’arbres. Ces robots sont testés sur des parcelles entières de vergers et leurs performances en termes de capacité à maintenir un enherbement très ras le long des rangs d’arbres en toute autonomie, et à s’adapter au design particulier des vergers, sont évaluées. L’objectif est aussi de mesurer la capacité de travail de ces robots (nombre de robots nécessaires par surface de verger) et ainsi d’apprécier la viabilité économique de ces solutions robotisées.
Nous ambitionnons également d’identifier et promouvoir l’adaptation à l’arboriculture d’outils d’aide au guidage des équipements de désherbage mécanique interceps, dans le but de faciliter le travail des tractoristes et permettre des vitesses d’avancement plus rapides. En plus de ces expérimentations de terrain, nous allons travailler avec notre équipe dédiée aux études économiques et marchés (CTIFL, Paris), pour, d’une part, étudier la perception des pratiques de désherbage par les consommateurs de fruits français et évaluer leur consentement à payer pour des pratiques plus vertueuses, et d’autre part, coordonner la production de modèles économiques sur chacune des stratégies innovantes testées dans le projet GOOD.
Dans une démarche holistique, notre Living Lab s’entoure pour la réalisation de ses travaux d’un comité de pilotage professionnel pluridisciplinaire, englobant des représentants de la production, de l’industrie, des consommateurs et des pouvoirs publics (« Living Lab Board »).
Les actualités du Living Lab – France en avril 2024
- 1ers échanges avec le Living Lab Board
Le comité de pilotage du Living Lab – France du projet GOOD s'est réuni pour la première fois le 11/01/2024 autour de 10 participants, regroupés dans une approche holistique (pomiculteurs, conseillers techniques et experts des adventices, représentants des équipementiers, des consommateurs et des pouvoirs publics). Cette première session a été l'occasion de riches échanges sur les enjeux économiques liés à l'adoption de pratiques agroécologiques pour le désherbage des cultures fruitières, et sur l'alignement du projet avec les objectifs du Green Deal. Plusieurs techniques alternatives ont été largement discutées par leurs utilisateurs ou expérimentateurs (désherbage mécanique et mixte, couverts végétaux, faux semis), concernant leur mise en œuvre et leurs limites, sur les plans agronomiques, environnementaux et économiques.
Le rôle important du consommateur et la nécessité d'un travail sur la répartition des marges dans la chaîne de valeurs ont également été largement discutés. Les participants ont souligné la complexité de concilier les pratiques agroécologiques et la viabilité économique des filières, et l'importance de prendre en compte les réalités du terrain, et d’alerter les pouvoirs publics sur les difficultés rencontrées par les filières fruits françaises dans le contexte actuel.
Quelques paroles de professionnels du Living Lab pour résumer les messages à retenir de cette première réunion : attention à « ne pas avoir juste une vision idéologique », « ne pas chercher à développer des techniques qui coûteront encore plus cher au producteur », « réguler les mauvaises herbes dans les vergers sans aucun herbicide n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît », « travailler dans le réel sinon il n’y aura plus de filière demain ».
- Mise en place d'une nouvelle parcelle d'essai
Après une période de pluies continues et abondantes démarrée en octobre 2023, notre seconde parcelle d’essai a enfin pu être plantée le 19/03/2024 (604 mm d’octobre à mi-mars contre 350 mm pour la moyenne historique). Sur un total de 3 364 m², et après un précédent luzerne détruit en octobre, cette parcelle comprend 2 blocs de 7 rangs de pommiers de la variété Story® Inored(cov) sur porte-greffe Pajam 2® Cepiland, plantés à 3,5 m x 1,5 m. Leur plantation a été réalisée à la machine, avec guidage GPS. Ces arbres seront palissés, irrigués en goutteà-goutte aérien, et conduits en axes. 12 stratégies de régulation des adventices vont y être testées, en comparaison d’un témoin non désherbé : 6 stratégies impliquant des couvre-sols sur les rangs d’arbres (thym, menthe, graminées), 2 stratégies chimiques, 1 stratégie combinant herbicides et méthodes mécaniques, et 1 stratégie utilisant uniquement le désherbage par travail du sol.
La première série d’observations a démarré, avec la mesure du calibre des arbres, qui nous permettra d’apprécier l’évolution de leur vigueur. Sur la parcelle déjà en place (12 rangs d’arbres sur un total de 5 586 m²), les premières interventions de désherbage ont été réalisées, et les suivis de routine se poursuivent…
Plantation de la nouvelle parcelle d’essai (GPS).
Mesure des diamètres de troncs des arbres (en bas à droite)
- Recherche de solutions robotisées
Deux réunions d’échanges ont été organisées avec deux fournisseurs de robots de tonte : l’un est aujourd’hui proposé pour une utilisation en espaces verts, et l’autre est en cours d’expérimentation en vignoble. Aucun n’est aujourd’hui opérationnel en l’état en verger pour l’objectif visé, en raison de deux contraintes spécifiques :
- Ces robots doivent pouvoir focaliser leur travail le long des rangs d’arbres
- La hauteur des frondaisons dans nos systèmes densifiés pourrait gêner la transmission du signal GPS. Un protocole de test a été ébauché avec ces fournisseurs pour vérifier s’il est possible d’adapter leur utilisation au design particulier des vergers. L’acquisition de ces robots est en cours pour la mise en place de tests en parcelles dès que possible.
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