Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes
Alternative au virus de la granulose pour lutter contre le carpocapse des pommes en AB
Description du projet
Le carpocapse des pommes et des poires,
Cydia pomonella, principal ravageur de pommiers dans le monde, concentre à lui seul 2/3 des traitements insecticides réalisés en France en verger (Aubertot J.N. et al., 2005). Très problématique dans le sud de la France, il est en passe de devenir un obstacle sérieux à la production de pommes en agriculture biologique dans le Val de Loire. En effet, ces dernières années, on constate une augmentation du pourcentage de fruits affectés par le ravageur. Ainsi, en 2018, les dégâts sur fruits ont atteint plus de 30 % dans certains vergers et ce malgré la mise en place d’une stratégie de protection « standard ». De tels niveaux d’infestation ont des conséquences directes sur la pérennité des exploitations biologiques. Il est donc avéré que les stratégies communément appliquées et dont l’efficacité était jusqu’alors satisfaisante, sont, dans de nombreux vergers, aujourd’hui insuffisantes. Les causes à l’origine de cette situation sont multiples.
L’objectif de ce projet est de trouver une alternative au moins partielle au virus de la granulose. Cela permettrait de réduire le nombre d’applications de cette matière active et, probablement, la progression des résistances aux différentes souches du virus. Le Quassol, qui a fait ses preuves en tant que larvicide sur d’autres ravageurs, semble présenter un intérêt dans la lutte contre le carpocapse. Les différents essais envisagés doivent permettre d’évaluer son efficacité au laboratoire et au verger et d’apporter des éclairages sur son mode d’action.
In fine, le but de ce projet est d’ajouter une solution efficace à la gamme, souvent trop restreinte, dont dispose les producteurs bio pour assurer une bonne protection de leur verger face aux ravageurs.
Résultats
En laboratoire, l’extrait de Quassia montre une bonne efficacité sur larves de carpocapse. En effet, après aspersion des larves avec la bouillie, le taux de mortalité est significativement plus élevé par rapport au témoin traité à l’eau. Il est donc prouvé que l’extrait de Quassia a une action larvicide sur carpocapse.
Pour ce qui est de son application en verger, le positionnement des applications est réalisé en fonction des indications fournies par le logiciel RIMpro. Celui-ci modélise chaque année 2 générations bien distinctes. Les traitements sont positionnés sur la période de présence de larves avec une stratégie basée sur des applications à cadence de 7 à 10 jours. Une stratégie bio standard est comparée à une stratégie avec application d’extrait de Quassia une fois sur deux et un programme basé uniquement sur cette substance. Chaque essai intègre un témoin non traité. De manière générale, la pression reste modérée dans le témoin puisqu’elle atteint 4% à l’issue de cette génération. En revanche elle oscille généralement autour de 10% à l’issue de la deuxième génération. Après deux années d’essai, les résultats montrent qu’aucune des modalités ne se distingue réellement du témoin. Plus que la stratégie mise en œuvre, c’est la localisation des blocs au sein de la parcelle qui semble expliquer les tendances observées. Les blocs positionnés en bordure exposée au sud sont plus atteints. Ce qui souligne la difficulté de mettre en œuvre des essais carpocapse en verger. Quoi qu’il en soit, ces résultats mettent en lumière le manque d’efficacité de la référence et donc du virus de la granulose.
Ainsi, au cours des trois années du projet, l’application de Quassol n’a pas fait ses preuves en tant qu’alternative de lutte contre le carpocapse. Malgré une efficacité démontrée en laboratoire, il est difficile de dupliquer cette efficacité en verger : l’extrait de Quassia n’a pas permis un contrôle satisfaisant des populations. L’apparition des résistances au virus de la granulose ne facilite aucunement la gestion du carpocapse, mais à date, aucune autre spécialité n’est utilisable contre cette cible en respectant le cadre réglementaire de l’agriculture biologique.
Dernièrement, les travaux de recherche s’orientent quasi-exclusivement sur des évaluations d’impact de l’introduction d’un parasitoïde spécifique au carpocapse
mastrus ridens.