Impact du mode de fertilisation et de solutions alternatives sur les maladies de conservation

FERTIMO : bilan à mi-parcours

Impact du mode de fertilisation et de solutions alternatives sur les maladies de conservation
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Le projet FERTIMO, financé par la région Occitanie de 2021 à 2025, explore des approches novatrices pour maîtriser les monilioses en vergers de pêchers. En évaluant l'impact des pratiques de fertilisation et en testant des solutions alternatives de traitement, il ouvre la voie à des pratiques agricoles plus durables avec des résultats potentiellement prometteurs dans la lutte contre ces maladies fongiques.

Publié le 01/03/2024

Temps de lecture estimé : 12 minutes

Les monilioses en pêcher, un enjeu majeur

Des taux de pertes potentiellement très importants

Les maladies de conservation, et principalement les monilioses (voir l'encadré De nombreuses pistes explorées afin de maîtriser les monilioses du pêcher), sont responsables de pertes importantes de production que ce soit au verger ou en post-récolte. Monilia Laxa est l'espèce principale de moniliose dans tous les vergers. Monilia fructicola est présente dans les régions où M. Laxa est présente, tandis que Monilia fructigena est un agent anecdotique de pourriture des pêches [1].

Les pertes liées aux monilioses peuvent aller jusqu'à plus de 60 % après cinq jours de conservation à température ambiante [2]. Dans certains cas, elles peuvent conduire à des litiges commerciaux entre producteurs et metteurs en marché. Dans les vergers de fruits à noyau mené en agriculture biologique, la pourriture est un facteur majeur limitant du rendement dont le contrôle est difficile [3, 4]. Or, il n'existe aucune solution alternative aux produits phytosanitaires de synthèse qui soit réellement efficace au verger.

La lutte contre ces maladies constitue un problème croissant en raison, notamment, de la réglementation stricte en termes de limite minimale de résidus autorisés et de la suppression de certaines matières actives. Par exemple, en 2021, le thiophanate-méthyl n'a pas vu son approbation renouvelée. Cette réglementation expose les professionnels à des impasses techniques de plus en plus fortes. Par ailleurs, c'est, une maladie particulièrement décevante pour les consommateurs et qui est susceptible de freiner l'acte de ré-achat.

Une attente sociétale forte sur les enjeux environnementaux

Les attentes sociétales des consommateurs amènent les professionnels à faire évoluer leurs pratiques afin de mieux prendre en compte les enjeux environnementaux que ce soit au travers d'une réglementation européenne et nationale de plus en plus restrictive ou des cahiers des charges des metteurs en marché. Ces derniers sont particulièrement stricts : démarches de qualité type « vergers écoresponsables » ou haute valeur environnementale (HVE). Des producteurs sensibles à ce sujet font également évoluer leurs pratiques tels que les producteurs impliqués dans les réseaux DEPHY FERME.

Une maladie très multifactorielle

Le développement des monilioses est la résultante de nombreux facteurs : la conduite des arbres telle que leur forme ou les pratiques de fertilisation et d'irrigation ; les interventions culturales comme la taille en vert, la prophylaxie ou les traitements phytosanitaires ; les facteurs génétiques tels que la sensibilité variétale ou les conditions climatiques. Si certains de ces facteurs comme les conditions climatiques, sont peu contrôlables, maîtriser au mieux les actions liées à la conduite culturale (taille en vert, alimentation hydrominérale) est essentiel.

Une recherche de solutions efficaces difficile

De nombreuses pistes sont travaillées pour proposer des solutions techniques aux professionnels et s'affranchir des produits phytosanitaires de synthèse.

Levier génétique

L'évaluation de la sensibilité variétale des pêches et nectarines n'a pas permis de mettre en évidence de variétés qui soient complètement résistantes aux monilioses [5]. Actuellement, aucune variété vraiment résistante au monilia n'est disponible pour les producteurs. Dans la littérature, « Bolinha » apparaît comme le génotype le plus connu résistant aux monilioses. Ce cultivar de type pavie est utilisé dans des programmes d'amélioration des fruits par l'Embrapa Pelotas (Brésil) et comme sujet d'étude dans d'autres institutions. « Bolinha » est mentionné comme possédant un fort niveau de résistance [6] qui pourrait être lié d'une part à une cuticule épaisse et d'autre part à la présence de composés inhibiteurs de la germination ou de la pénétration mycélienne. Cependant, cette variété de petit calibre présente une cuticule épaisse, un épiderme dont la teneur en composés phénoliques est élevée et son intérêt commercial est faible [6].

Protections phytosanitaires alternatives

Entre 2017 et 2020, les stations expérimentales SEFRA (Étoile-sur-Rhône, 26) et SudExpé (Saint-Gilles, 30) ont évalué plusieurs produits alternatifs tels que le bicarbonate de potassium (Armicarb®) et les levures antagonistes Saccharomyces cerevisiae (Julietta®) et Metschnikowia fructicola (Noli®, Rhapsody®). Les résultats sont intéressants en conditions de pression de monilioses faible à moyenne, lorsque 10 % des fruits de la modalité témoin non traitée sont atteints. Avec le produit Julietta®, une réduction de 30 % de fruits moniliés six jours après récolte est observée par rapport au témoin non traité. Mais les résultats sont moins satisfaisants lorsque la pression de moniliose est plus importante. Les essais conduits par la SICA Centrex (Toreilles, 66) sur les produits alternatifs Armicarb®, Julietta®, Rhapsody® et AmyloX® (Bacillus amyloliquefaciens subsp), entre 2018 et 2020, n'ont pas permis de mettre en évidence de différences significatives par rapport à une modalité de référence non traitée.

Leviers physiques

Dans le cadre du projet FEADER FAN de Bio, des tests de traitement sont mis en place dans les vergers : un pulvérisateur est utilisé « à vide » pour sécher le végétal à l'approche de la récolte et pour limiter les conditions favorables au développement des monilioses. En 2019, en conditions de pression de moniliose moyenne, le passage du pulvérisateur à vide, soit un passage par jour les deux semaines précédant la récolte, a permis d'augmenter légèrement le temps de conservation des fruits en post-récolte : 50 % de fruits pourris observés au bout de 9,5 ±1 jours pour la modalité « pulvérisateur » contre 8,5 ±0,8 jours pour la modalité témoin. Les faibles différences de comportement en conservation, l'absence d'effets observés sur le microclimat dans la canopée qui sont enregistrés à l'aide de capteurs de température et d'hygrométrie relative et les contraintes techniques assez importantes avec la mobilisation de l'équipement et d'un tractoriste rendent ce mode d'action peu satisfaisant.

Des essais ont également été réalisés pour évaluer l'efficacité du traitement à la lumière UV des fruits, en post-récolte [7, 8]. Après six jours de conservation, ces différents essais ont montré une bonne efficacité avec -60 % de fruits touchés par rapport à des fruits non traités pour lutter contre les monilioses en post-récolte. La lutte physique en post-récolte par thermothérapie a montré une bonne efficacité [9]. Cependant, cette technique nécessite un investissement initial conséquent et une adaptation des réglages en fonction des variétés. Par ailleurs, elle ne permet pas de limiter les dégâts provoqués par les monilioses au verger.

Optimisation des pratiques culturales

Les bonnes pratiques culturales permettent de limiter l'apparition de conditions favorables au développement des monilioses. Cela passe par les mesures de prophylaxie comme l'élimination des momies au moment de la taille d'hiver, la mise en place d'une alimentation hydrominérale raisonnée afin de limiter les excès de vigueur ou la réalisation de la taille en vert au cours de l'été. Il existe des travaux portant sur la fertilisation des vergers de pêchers. La plupart d'entre eux ont eu pour objectif de définir les calendriers de fertilisation les plus appropriés pour optimiser les niveaux de rendement [10, 11, 12], mieux connaître le devenir des apports de nutriments dans les différents organes [13] et évaluer l'impact de la fertilisation sur la sensibilité au gel [14].

La fertilisation, et en particulier la fertilisation azotée du pêcher, impacte le niveau d'infection et le développement de M. fructicola [15]. L'étude montre une corrélation positive entre le niveau d'azote apporté au verger et le taux d'infection des fruits, mais également avec le nombre de lésions par fruit. L'absence de fertilisation azotée permet de diminuer significativement le nombre de lésions par fruit, ainsi que le taux d'infection de M. ­fructicola. Dans le cas contraire, une surfertilisation en azote, au-delà de 280 kg/ha, entraîne une augmentation des lésions sur le fruit et le taux d'infection de M. fructicola.

Diverses études ont porté sur l'impact des pratiques culturales sur le développement des maladies et ravageurs [16]. Cependant, peu de travaux ont été conduits spécifiquement sur la relation entre pratiques de ­fertilisation et développement des monilioses [17].

Le projet FERTIMO

Le projet FERTIMO évalue l'impact des pratiques de fertilisation et des solutions alternatives aux produits phytosanitaires de synthèse pour maîtriser les monilioses en vergers de pêchers. Ce projet se déroule entre 2021 et 2025. Il s'articule autour de deux volets indépendants : le volet 1 évalue l'impact des pratiques de fertilisation (fertilisation minérale ou organique, fractionnement des apports) et le volet 2, l'efficacité de substances alternatives telles que l'engrais foliaire à base de calcium et zéolite. Les observations sont réalisées à différents stades (Figure 1).

Figure 1 : Observations réalisées à différents stades

Volet 1, impact des pratiques de fertilisation

Hypothèse de départ et objectifs

Une surfertilisation génère des conditions favorables au développement des maladies fongiques [15]. En effet, la canopée étant moins aérée, l'humidité dans la végétation est plus importante. Par ailleurs, un apport de fertilisation moins fractionné peut engendrer des à-coups de croissance susceptibles de générer des microfissures au niveau de l'épiderme des fruits et donc des portes d'entrée privilégiée pour les spores de moniliose. Cependant, il existe peu de références bibliographiques abordant spécifiquement cette relation entre pratiques de fertilisation et développement des monilioses. L'objectif est de mesurer objectivement l'impact des pratiques de fertilisation sur le développement des monilioses en prérécolte et en post-récolte. En parallèle, l'impact sur le rendement, le calibre et la qualité physico-chimique des fruits sera évalué.

Le dispositif

Cet essai est réalisé sur une parcelle de pêchers plantée en 2013 avec la variété TONICSWEET® Sweetstarcov, une variété de pêche à chair blanche de maturité tardive. La densité de plantation est de 476 arbres par hectare. La parcelle est conduite en double Y. Les traitements antifongiques sont minimisés et uniformes sur les quatre modalités afin d'évaluer, le plus finement possible, l'impact des modalités sur le développement des monilioses. Les modalités comparées sont détaillées dans le tableau de la figure 2. Afin de réaliser une analyse statistique, les mesures et les observations sont réalisées sur quatre arbres par modalité, soit quatre répétitions.

Figure 2 : Description des modalités comparées de l'essai « Fertilisation »

Des premiers résultats peu discriminants

En raison de la faible pression de monilioses, avec un taux de fruits pourris inférieur à 10 %, due à des étés chauds et secs sur les trois premières années du projet et malgré des réductions drastiques voire l'élimination totale des traitements anti-moniliose (en 2023), très peu de symptômes sont observés en verger. À ce stade, il est très difficile de tirer des tendances et/ou des conclusions consolidées sur l'intérêt d'une pratique de fertilisation par rapport à une autre.

Volet 2, des solutions alternatives à l'efficacité encourageante

Hypothèse de départ et objectifs

L'objectif est de tester des solutions alternatives et prospectives en évaluant l'efficacité de substances susceptibles de bloquer le développement des spores présentes sur les fruits. Selon les références bibliographiques [18], les spores de monilia génèrent des acides gluconiques de manière importante. Ceux-ci abaissent très fortement le pH au niveau de l'épiderme des fruits avant de les infecter. L'objectif de cette action est d'évaluer l'efficacité de « traitements » avec des produits à base de calcium, des engrais foliaires, pour neutraliser l'acide gluconique et donc limiter la baisse de pH de l'épiderme. Ainsi, la germination des spores serait ralentie.

Une autre modalité consiste en un traitement à base de zéolite utilisée comme barrière physique. L'efficacité de cette substance a été évaluée sur vigne contre l'oïdium en 2020 (OlegExpé, 2020), sur cépage Carignan (Villeneuve-lès-Maguelone, 34) avec des résultats moyennement concluants puisqu'ils n'ont pas montré de répétabilité d'un essai à l'autre. La zéolite est un cristal formé d'un squelette microporeux d'aluminosilicate, dont les espaces vides connectés sont initialement occupés par des cations et des molécules d'eau. Les caractéristiques de la zéolite (formulation Roc-Microspray®) permettent aux agriculteurs et aux viticulteurs d'utiliser ce produit en respectant leurs pratiques habituelles tant en termes de matériel que de fonctionnement. Le produit est utilisable en agriculture biologique ; des utilisations existent déjà en Italie en horticulture, pour la vigne et en arboriculture. Les cibles actuelles sont le mildiou, l'oïdium et le botrytis, à travers l'utilisation du produit pur ou dans des programmes de traitement. Ces deux modalités d'usage sont comparées à une modalité non traitée contre les monilioses et à une modalité de référence traitée avec des produits phytosanitaires de synthèse.

Le dispositif

L'essai est réalisé sur une parcelle de pêchers plantés en 2013 avec la variété TONICSWEET® Sweetstarcov, une variété de pêche à chair blanche de maturité tardive. Cette parcelle est plantée à une densité de 1 010 arbres par hectare et conduite en mur fruitier en Y oblique. Les traitements sont réalisés à l'aide d'un pulvérisateur à flux tangentiel pour minimiser la dérive au sol et sur les rangs voisins et pour optimiser l'application en termes de taille de gouttelettes et de répartition de la bouillie sur le feuillage. Les quatre modalités sont détaillées dans le tableau de la figure 3. Les observations sont réalisées sur quatre arbres par modalité.

Figure 3 : Description des modalités évaluées pour l'essai « solutions alternatives », quantité de produit appliqué avant la récolte

Résultats

La pression de monilioses est globalement très faible sur les trois campagnes d'essai avec un maximum de 4 % de fruits touchés au verger en prérécolte. Au verger, aucune différence significative n'est mise en évidence entre les modalités en 2021 et 2022. En 2023, une différence significative est mise en évidence, montrant une bonne efficacité du traitement à base de calcium par rapport au témoin non traité. Ces résultats sont à relativiser étant donné la faible pression de monilioses et nécessitent d'être validés en condition de forte pression de monilioses.

En post-récolte, aucune différence significative n'est mise en évidence en 2021 et 2023. En 2022, une différence significative de l'indice de sensibilité (voir l'encadré Protocole du suivi post-récolte) est mise en évidence : les deux solutions alternatives testées se retrouvent au même niveau, et leur efficacité est intermédiaire pour se placer entre les modalités « témoin non traité » et la « référence chimique ». Sur l'une des deux dates, la modalité calcium présente une efficacité similaire à la référence chimique (Figure 4). Sur les trois premières années du projet, les différents traitements n'ont pas engendré de différences significatives entre les modalités au niveau des rendements bruts, du taux de déchets ou du pourcentage de fruits de calibre A et + ou encore du taux de sucre.

Figure 4 : Indice de sensibilité moyen par année, par passage de récolte et par modalité pour l'essai « solutions alternatives »

Pour conclure, la faible pression des monilioses pendant le projet est attribuée à des étés chauds et secs. Les modalités testées n'ont montré aucun impact sur le développement des symptômes en prérécolte. En post-récolte, les solutions alternatives ont démontré une efficacité partielle en 2022, mais ces résultats nécessitent confirmation. Les pratiques n'ont pas affecté les performances agronomiques ni la qualité des fruits.

Des résultats à consolider

La faible pression de monilioses sur les parcelles dédiées à cet essai n'a pas permis d'acquérir de références consolidées à ce stade du projet. Néanmoins, des tendances sont observées : les différentes pratiques de fertilisation n'ont pas eu d'impact sur le développement des symptômes en prérécolte et post-récolte ; dans les conditions de l'essai qui sont caractérisées par une faible pression de monilioses, les solutions alternatives testées à base de calcium et de zéolite ont montré une efficacité intéressante bien qu'inférieure à la stratégie chimique classique, pour maîtriser le développement des monilioses en post-récolte. Cette efficacité doit cependant être validée en conditions de forte pression. Les tendances observées devront donc être confirmées lors des deux prochaines campagnes d'essai en 2024 et 2025, sous réserve d'une pression de moniliose supérieure. ▬

Financement

Projet financé en partie par la région Occitanie.

logooccitanie

Cycle de développement des monilioses

Les monilioses sont l'ensemble des champignons du genre Monilia. Ces champignons, de type opportuniste, appartiennent à la division des Ascomycètes, de l'ordre des Heliotales et de la classe des Sclerotiniaceae (EPPO Quarantine Pest, 1990). Ils sont également appelés pourritures brunes, à cause des taches brunes qu'ils font apparaître sur le fruit lors du début de leur développement. Dans les vergers, il existe trois types de champignon.

Monilia laxa constitue l'espèce majoritairement présente dans les vergers européens. Elle attaque les fruits, les fleurs et les rameaux. Selon Gibert C. et al. (2009), elle présente un caractère opportuniste, car elle pénètre, puis se développe dans le fruit uniquement par l'intermédiaire de lésions. Ces dernières constituent des voies d'entrées microscopiques pour les conidies du champignon. L'attaque se fait donc essentiellement en verger, par le biais de fissures cuticulaires. En chambres froides, le champignon se répand par contact direct d'un fruit déjà contaminé avec un fruit sain. Dans le cas des fruits à noyau, M.laxa se reconnaît à la couleur gris marron de ses conidies.

Monilia fructigena est moins répandu que M.laxa et attaque uniquement les fruits. Il est retrouvé essentiellement en Europe. Son développement est facilité par l'attaque des insectes et par des conditions climatiques particulières (grêle, vent violent).

Monilia fructicola, comme M.laxa, attaque les fruits, les fleurs et les rameaux. Il présente la particularité d'avoir été classé comme organisme de quarantaine dans les pays de l'Union européenne (Villarino M. et al., 2010). Il est retrouvé en Amérique, en Asie, en Océanie et en Europe. Il a été observé pour la première fois sur pêchers en France dans le Gard, en août 2001.

Les fleurs (Figure A) sont contaminées au printemps par les conidies d'hiver (forme de résistance au froid) ou directement par des ascospores (cas de M. fructicola). Ces spores sont issues des fruits momifiés oubliés en verger, sur le sol ou sur les arbres. Le champignon gagne ensuite une partie du rameau, formant vers sa base un petit chancre souvent accompagné d'un écoulement gommeux. Le rameau se dessèche puis les fleurs et le bois deviennent noirs. En été, le mycélium se développe et produit des conidies. Ces dernières, facilement disséminées par le vent ou la pluie, infectent les fruits encore sains, matures ou non. Une tache brune se forme alors en premier, centrée sur le point d'infection, puis se couvre de « coussinets conidifères » plus ou moins concentriques. Par la suite, les fruits se dessèchent directement sur les arbres et forment des momies. Ou bien, le champignon ne s'est pas développé au verger et l'inoculum est présent sur le fruit ce qui fait que la maladie peut apparaître au cours du circuit de distribution ou de la phase de conservation chez le consommateur.

Figure A : Cycle du monilia

Protocole du suivi post-récolte

Prélèvement et mise en conservation

Soixante fruits du calibre dominant sont prélevés au deuxième passage, avant le passage dans la calibreuse pour éviter les chocs et les contaminations. Ils sont conservés deux à trois jours en chambre froide à 6 °C puis dans une chambre climatisée à 21 °C avec 80 % d'humidité relative. Les observations sont réalisées trois fois par semaine pour suivre le nombre de fruits pourris et enregistrer les données complémentaires comme la température, la pluviométrie, etc. Des précautions sont prises pour éviter les contaminations croisées en post-récolte : utilisation de plateaux et d'alvéoles neuves, lavage des mains entre chaque lot (alcool ou eau savonneuse) et traitement de la chambre climatisée en cas de présence de drosophiles et/ou de fourmis.

Calcul de l'indice de sensibilité

Les observations collectées permettent de calculer différents indicateurs.

1) Intervalle récolte - observation du 1er fruit pourri (en jours) - indice 1FP

2) Intervalle récolte - observation de 50 % de fruits pourris (en jours) - indice 50 % FP

Ces deux valeurs permettent de calculer un indice moyen (exprimé en jours) selon la formule ci-dessous :

infos399 fertimo indicesensibilite

L'indice de sensibilité est calculé selon la formule :

infos399 fertimo indicemoyen

Plus la valeur de cet indice est élevée, plus la variété est sensible.

Les données clés à retenir

Impact du mode de fertilisation et de solutions alternatives sur les maladies de conservation - FERTIMO : bilan à mi-parcours

Le projet FERTIMO, mené de 2021 à 2025, évalue l'impact des pratiques de fertilisation et des solutions alternatives pour contrôler les monilioses en culture de pêchers. L'évaluation des pratiques de fertilisation n'a pas encore révélé de différences significatives, mais le volet sur les alternatives, telles que le traitement au calcium et à la zéolite, montre une efficacité partielle en 2023 qui est à confirmer sous des pressions supérieures de monilioses. Ces premiers résultats soulignent l'importance de poursuivre les essais pour consolider les tendances observées. Les attentes sociétales en faveur d'une agriculture durable renforcent l'importance du projet, qui vise à fournir des recommandations concrètes aux producteurs pour une gestion efficace des monilioses tout en répondant aux exigences environnementales.

Key points

Impact of fertilization practices and alternative solutions on storage diseases - FERTIMO, mid-term review

The FERTIMO project, running from 2021 to 2025, is evaluating the impact of fertilisation practices and alternative solutions for controlling monilia in peach crops. The evaluation of fertilisation practices has not yet revealed any significant differences, but the results on alternatives, such as calcium and zeolite treatments, revealed partial effectiveness in 2023. This needs to be confirmed under higher monilia pressures. These initial results underline the importance of continuing trials to consolidate the trends observed. Societal expectations in favour of sustainable agriculture reinforce the importance of the project, which aims to provide growers with concrete recommendations for effective monilia management while meeting environmental requirements.

Bibliographie / Sitographie

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