Une rencontre inscrite dans le projet européen ADOPT-IPM
Cette matinée s'inscrivait dans le cadre du projet Européen ADOPT-IPM (www.adopt-ipm.eu), porté conjointement par le CTIFL, l'INRAE et l’ACTA, avec pour ambition de développer et d'évaluer des stratégies innovantes de protection intégrée, adaptées aux contraintes actuelles des producteurs.
Elle a permis de réunir plusieurs partenaires du projet, présents sur l’arc méditerranéen : IRTA, en Espagne, l’Université de Catane en Italie, le CTIFL (centre de Balandran) et l'INRAE (centre d’Avignon) en France. L’ACTA, en charge notamment de la diffusion et du transfert des résultats, étaient également représentée.
Les échanges ont porté sur des problématiques régionales majeures en cultures sous abri : pucerons, punaise Nesidiocoris tenuis, acariose bronzée et oïdium de la tomate, avec un objectif clair : confronter les résultats scientifiques aux réalités opérationnelles des professionnels.
Proposer des leviers de gestion supplémentaires pour répondre aux impasses techniques
La rencontre technique a été introduite par Benjamin Gard, responsable du programme Protection intégrée sous abris, au centre CTIFL de Balandran. Il a souligné l'intérêt de réfléchir les stratégies de protection à l'échelle du bassin méditerranéen, afin de mutualiser les connaissances et de renforcer la robustesse des solutions proposées face aux impasses techniques croissantes.
Gestion des pucerons en laitue : l’apport des bandes fleuries
Benjamin Gard (CTIFL) a présenté les résultats d'un essai conduit sur la gestion du puceron en culture de laitue. Au printemps, l'implantation de bandes fleuries un mois avant la mise en culture a favorisé une installation précoce et abondante des ennemis naturels du ravageur. Cette stratégie a permis d'atteindre un niveau de régulation des pucerons comparable à la référence chimique.
Ainsi, les bandes fleuries hébergeaient déjà des populations significatives d'auxiliaires, facilitant leur diffusion rapide dans la culture. À l'inverse, les lâchers d'œufs de chrysopes se sont révélés peu efficaces, avec très peu d'individus observés après application.
À l'automne, la dynamique plus tardive des auxiliaires naturels a conduit à une régulation insuffisante, soulignant l'importance du contexte saisonnier.
Plantes compagnes et régulation de Nesidiocoris tenuis sur tomate
Antonio Biondi et Antonio Gugliozzo (Université de Catane - UNICT) ont présenté des travaux sur l'utilisation des plantes pièges pour gérer la punaise Nesidiocoris tenuis en culture de tomate. L’association de plantes compagnes comme le sésame et la verveine permet de limiter significativement les dégâts du Nesidiocoris tenuis sur tomate, tout en favorisant une implantation précoce. Dans les parcelles associées, le nombre d'anneaux nécrotiques sur les plants de tomate est nettement réduit par rapport aux parcelles sans plantes compagnes, indiquant une meilleure régulation du comportement phytophage de cet insecte.
Dans le contexte italien, où le Nesidiocoris tenuis est considéré comme un auxiliaire clé, ces plantes se sont révélés pertinentes pour assurer son installation rapide et homogène sur la culture.
Acariose bronzée : des alternatives crédibles aux acaricides
Paula Molina (IRTA) a détaillé les résultats d'essais pluriannuels consacrés à la gestion de l'acariose bronzée de la tomate. Plusieurs espèces d'acariens prédateurs ont permis d'atteindre, en serre, un niveau de contrôle comparable aux stratégies de référence (souffre + acaricides).
Lors de trois essais conduits entre 2024 et 2025, les lâchers de Transeius montdorensis et d'Amblyseius sp. ont montré une efficacité notable contre Aculops lycopersici, ouvrant la voie à des alternatives crédibles aux traitements acaricides. En revanche, concernant Pronematus ubiquitus, les travaux doivent se poursuivre afin d'identifier les conditions favorables à l’installation de ce prédateur.
Oïdium de la tomate : biocontrôle et stratégie intégrée
Marc Bardin (INRAE) a présenté les résultats des travaux conduits sur l'utilisation des produits de biocontrôle et des substances naturelles pour contrôler l’oïdium de la tomate. Les stratégies ADOPT-IPM et conventionnelle ont toutes deux permis une maîtrise satisfaisante de la maladie, avec des niveaux de croissance et de rendement comparables en culture.
Si la stratégie conventionnelle a reposé sur un unique traitement fongicide, la conduite ADOPT-IPM a également limité efficacement le développement de l'oïdium. En revanche, des limites ont été observées sur la gestion des ravageurs, notamment une forte augmentation des populations d'acariens en stratégie ADOPT-IPM, maîtrisées en la conduite conventionnelle par deux traitements acaricides spécifiques. Ces résultats mettent en évidence la nécessité d’adapter la stratégie ADOPT-IPM pour renforcer le contrôle des acariens.
Des échanges au cœur du transfert vers les professionnels
Philippe Delval (ACTA) a rappelé les objectifs et les axes de recherche structurants du projet ADOPT-IPM, centrés sur l’innovation et l’optimisation des stratégies de protection intégrée en cultures sous abri et de plein champ.
Dans un second temps, il a présenté le dispositif d'évaluation des stratégies testées au sein du réseau d'essais de démonstration, avant d'animer une séquence participative avec la salle. Cette phase d'échange a permis aux participants de réagir aux solutions présentées et d'en discuter les conditions d'appropriation opérationnelle.
Perspectives 2026 et outils à venir
La matinée s'est conclue par une présentation des perspectives 2026 du projet ADOPT-IPM, avec notamment le déploiement d'outils qui seront mis à disposition des professionnels :
- un outil en ligne dédié à la construction de stratégies de protection intégrée, le Pest Management Portal,
- une boîte à outils regroupant l'ensemble des supports de communication et de transfert du projet.
Le CTIFL remercie chaleureusement l’ACTA, INRAE, IRTA, l'Université de Catane, pour leurs interventions de qualité, ainsi que l'ensemble des participants pour leur contribution active à la réussite de cette rencontre technique.
Le projet a reçu un financement du programme Horizon Europe de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n° 101060430.