Projets
Résultats des projets menés par le CTIFL et ses équipes

APrHoPo - Améliorer la protection des vergers agrobiologiques contre l'hoplocampe du pommier

Dates du projet
De : Janvier 2022
À : Décembre 2024
Porteur interne du projet
Thématique
Espèces travaillées par le CTIFL

Description du projet

L’objectif général de ce projet est de sécuriser la production de pommes issues de l’agriculture biologique (AB) et donc, par voie de conséquence, de réduire la vulnérabilité des exploitations biologiques. La gestion des ravageurs du pommier, pour laquelle le choix variétal est un levier moins facile à mettre en œuvre que pour celle des maladies, est particulièrement délicate. Le présent projet se focalise exclusivement sur la thématique « ravageur » et plus précisément sur l’un d’entre eux : l’hoplocampe du pommier (Hoplocampa testudinea), qui en cas de forte pression peut toucher jusqu’à 90 % des fruits. Les contextes réglementaire et technique entourant la lutte contre ce ravageur sont symptomatiques des problématiques auxquelles sont confrontés les arboriculteurs bio : (1) la résurgence de ravageurs dits secondaires dans les vergers, dont les dégâts peuvent être très importants. (2) La rareté, voire l’absence de solutions de lutte efficaces contre ces ravageurs. (3) La maîtrise de nombreux bioagresseurs en AB est très dépendante d’intrants sous régime dérogatoire depuis plusieurs années.

La recherche de méthodes de contrôle de ce ravageur s’est principalement portée sur l’évaluation de méthodes de lutte directes. Ces travaux font souvent état d’une efficacité partielle. De plus, les études font apparaître un lien marqué entre l’efficacité des produits testés et leur positionnement ou leurs conditions d’utilisation. En usage habituel aux vergers, c’est la phénologie qui commande le déclenchement des applications. Le choix n’est donc pas dicté par le cycle du ravageur visé, mais sur la concordance théorique entre le cycle du ravageur et la phénologie du pommier. Le recours à des outils d’aide à la décision (OAD) peut être envisagé comme un moyen d’améliorer le positionnement des applications. La fiabilité et l’intérêt des prédictions des modèles pour les arboriculteurs sont confirmés pour certains bioagresseurs tels que la tavelure, mais demandent à être validés dans une gamme de conditions élargies pour l’hoplocampe du pommier.

Résultats

L’utilisation de bandes engluées CatchIT dès l’émergence du ravageur (stade D3) disposées à une densité de 400 bandes/ha a permis la capture de 16 000 hoplocampes la première année, tout en ayant un pouvoir sélectif de plus de 80 % vis-à-vis des auxiliaires. L’utilisation de cette technique plusieurs saisons consécutives réduit drastiquement les populations d’hoplocampes (-65 % d’adultes capturés sur la seconde année de mise en place de ce système de piégeage de masse) et donc les dégâts occasionnés au sein de parcelles initialement fortement infestées.

Parmi les spécialités de biocontrôle étudiées sur jeunes larves juste après l’éclosion, l’extrait de Quassia amara présente une efficacité de 73 % contre 60 % pour la référence conventionnelle à base de lambda-cyhalothrine, phénomène confirmé dans une multitude d’essais. L’utilisation de spinosad présente également une efficience de 60 %, mais l’aspect réglementaire de cette molécule interdit toute application en période de floraison (soit en dehors du stade de l’insecte visé). Par ailleurs, elle présente un large spectre d’action, ce qui impacterait la viabilité d’insectes auxiliaires et entrainerait potentiellement la résurgence d’autres ravageurs.

L’usage de nématodes entomopathogènes (S. feltiae) sur ce même stade de développement de l’insecte induit des résultats disparates entre les conditions semi-contrôlées au laboratoire et les conditions réelles au verger. Les exigences climatiques des nématodes pour une bonne efficacité sont très contraignantes et souvent peu présentes durant les périodes d’application.

Ainsi, le piégeage massif présente un fort impact pour réduire la pression du ravageur. Cependant, la pose des bandes engluées nécessite un temps de main d’œuvre important (20 h/ha) et ont un coût conséquent de l’ordre de 670 €/ha TTC. La double application de Quassia Amara (2 x 80 €/ha) est, quant à elle, une solution de biocontrôle efficace, confirmée, et qui est même aujourd’hui employée en production fruitière intégrée. Cette molécule est à ce jour autorisée en dérogation annuelle par la DGAL.