Le projet Performance Pulvé Arbo récompensé à l’Agritech Day Paper Award 2025

Que représente pour vous cette distinction à l’Agritech Day Paper Award ?

Florence Verpon (FV) : C’est une belle reconnaissance collective. Derrière cet article technique, il y a avant tout une histoire : celle d’une équipe, d’un projet, et d’une aventure humaine. Ce Paper Award montre que l’histoire que nous avons racontée a su toucher le jury.

Ce projet, c’est vraiment un travail d’équipe : les partenaires de l’UMT ECOTECH (INRAE, IFV), mes collègues de l’unité MATIC, les agiles tractoristes de l’exploitation et tous ceux qui ont apporté leur aide, ponctuelle ou régulière, au fil des trois années et demie de travaux.

Même si le projet était porté par notre unité, sa réussite repose sur l’implication de nombreuses personnes au sein du centre CTIFL de Lanxade. Chacun a contribué, que ce soit à la conception du matériel, à la réalisation des essais ou à la mise au point des méthodes. Cela a aussi permis de renforcer les liens inter-unités autour d’un objectif commun.

Pouvez-vous nous présenter le projet Performance Pulvé Arbo et ses principales avancées ?
 

FV : Le projet Performance Pulvé Arbo est né d’une sollicitation du ministère de l’Agriculture fin 2020. L’idée était de mettre en place un dispositif de classification des performances des pulvérisateurs arboricoles, pour accompagner la transition vers l’achat de matériels plus performants.

Depuis une dizaine d’années, le parc de pulvérisateurs s’est considérablement diversifié, avec de nouveaux modèles et de nouvelles technologies. Il devenait essentiel de pouvoir qualifier objectivement leurs performances, agronomiques comme environnementales.

Concrètement, le projet s’est articulé en trois grandes étapes :

1. la conception et la construction d’un banc d’évaluation des performances,
2. la mise au point des méthodes d’utilisation,
3. et enfin la validation de ces méthodes sur un large panel de pulvérisateurs.

Les essais sont réalisés au sein du centre CTIFL de Lanxade, dans la halle expérimentale de la plateforme TITEC, sur un verger artificiel pouvant simuler différents stades végétatifs des arbres. Ce dispositif permet d’évaluer la qualité de dépôt du produit sur le feuillage, sa répartition dans le verger, mais aussi la réduction de la dérive grâce à un mur de vent artificiel.

Au final, nous disposons d’un outil unique au niveau international, capable de générer des résultats fiables, répétables et discriminants. C’est une avancée majeure : les constructeurs peuvent désormais venir faire évaluer leurs machines dans des conditions standardisées, garantissant une parfaite comparabilité des résultats.

En quoi cette innovation contribue-t-elle à améliorer les pratiques et la durabilité en vergers ?
 

FV : L’un des principaux apports du dispositif, c’est la mise en place d’une liste positive de matériels performants.

Pour un arboriculteur, cela devient un véritable guide d’aide à la décision : en fonction de son contexte (cultures à proximité de zones sensibles comme une école ou un plan d’eau ou d’habitations, objectifs agronomiques…), il pourra identifier les pulvérisateurs les mieux adaptés.

Du côté des décideurs publics, cette classification facilitera aussi l’attribution de subventions. Par exemple, les régions ou FranceAgriMer pourront cibler l’attribution de leurs aides sur les matériels les plus performants.

Enfin, pour l’arboriculteur, c’est aussi une garantie de performance : les pulvérisateurs référencés auront été testés et validés au centre CTIFL de Lanxade, selon des protocoles éprouvés. Cela garantit une efficacité théorique et une qualité d’application optimales.

Ce projet fédère l’ensemble des acteurs de la filière (chercheurs-ingénieurs, constructeurs, producteurs, décideurs publics) autour d’un objectif commun : rendre la pulvérisation plus précise, plus efficace et plus respectueuse de l’environnement.