Première Journée Nationale « Technique Insecte Stérile » : une mobilisation internationale au Centre CTIFL de Balandran

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Le mardi 2 décembre, le Centre CTIFL de Balandran a accueilli la Première Journée Nationale dédiée à la Technique de l'Insecte Stérile (TIS), réunissant experts internationaux, chercheurs, entreprises innovantes et représentants de la filière.

Published 05/12/2025 - 13:47

L'événement a rassemblé près de 90 professionnels venus s'informer, échanger et partager les avancées les plus récentes autour de cette méthode de biocontrôle en plein essor. 

Portée par la diversité et la richesse des interventions, cette journée marque une étape clé pour le déploiement de la TIS en France, dans un contexte de transition vers des stratégies de protection des cultures plus durables. 

 

Une ouverture marquée par une vision globale de la TIS 

Après l'accueil et l'introduction de Delphine Tailliez, Directrice générale déléguée du CTIFL, la journée a débuté par la présentation de Nicolas Manoukis (USDA-ARS). 

Il a rappelé les fondements de cette technologie, son efficacité éprouvée au sein de programmes intégrés de lutte et les remarquables succès obtenus notamment contre les mouches des fruits. 

Cette intervention a posé le cadre : la TIS est une solution spécifique, durable et opérationnelle, mais qui nécessite de l’expertise, des infrastructures et de l’innovation continue. 

 

Regards croisés internationaux : Québec, Espagne, Italie, Canada 

La TIS appliquée aux mouches de racines en Amérique du Nord 

Anne-Marie Fortier (Phytodata, Québec) a présenté le vaste programme québécois de lutte contre les mouches du genre Delia, déployé sur près d’un tiers des surfaces d’oignons dans la province. Grâce à une stratégie longue durée inspirée des Pays-Bas, l’utilisation massive de la TIS a permis de réduire de 90 % les introductions de mouches stériles, positionnant cette méthode comme une alternative compétitive et durable aux insecticides. 

 

La cératite en Espagne : un modèle à grande échelle 

Carlos Tur Lahiguera (TRAGSA, Espagne) a exposé le programme de gestion de Ceratitis capitata dans la région de Valence, soutenu par la plus grande unité mondiale de production de mâles stériles (jusquà 500 millions de pupes par semaine). 

Résultat : une réduction de plus de 90 % des traitements aériens et un maintien de la compétitivité des exportations d’agrumes espagnoles. 

 

La punaise diabolique : perspectives de faisabilité 

Gianfranco Anfora (Université de Trento) a présenté les prérequis techniques pour appliquer la TIS à Halyomorpha halys. Leur travail souligne la forte stérilité obtenue avec des doses adaptées d’irradiation et les défis majeurs liés à l’élevage massif de ce ravageur émergent en Europe. 

 

30 ans de TIS sur carpocapse au Canada 

Michelle Cook (OKSIR) est revenue sur trois décennies de partenariat positif entre les pouvoirs publics et les producteurs de pommes. Le programme OKSIR illustre comment la TIS, lorsqu’elle est structurée dans un modèle pérenne, permet un contrôle efficace et intégré du carpocapse tout en renforçant la durabilité de la production. 

 

Table ronde : modèles de déploiement et enjeux sociotechniques 

En début d’après-midi, une table ronde réunissant Simon Fellous (INRAE), Tasnime Adamjy (CNRS)Clelia Oliva (TerraTIS), Jean-Christophe Neyron (AOP cerise), Xavier Langlet (DGAL) et animée par Céline El Boukili (CTIFL) a permis d’aborder les dimensions organisationnelles, réglementaires et socio-économiques du déploiement de la TIS en France. 

Les échanges ont mis en avant la nécessité d’un modèle structuré, collaboratif et adapté aux réalités de terrain pour assurer la montée en puissance de cette technologie. 

 

Drosophila suzukii : innovations, résultats et perspectives 

La seconde partie de l’après-midi a été consacrée à Drosophila suzukii, ravageur clé pour plusieurs filières fruitières. 

 

Un système automatisé au Royaume-Uni 

Glen Slade (BigSis) a présenté une approche innovante reposant sur l’automatisation complète de la production de mâles stériles. 

Ce système, actuellement en plein essor, protège déjà plus de 70 ha de cultures commerciales en Grande-Bretagne et ouvre des perspectives de déploiement international. 

 

Des résultats prometteurs en verger de cerisiers 

Ghais Zriki (CTIFL) a détaillé les premiers résultats obtenus en vergers sous filet dans le sud de la France, confirmant la survie, la dispersion des mâles stériles et une réduction significative du risque d’infestation. 

 

Le projet OPTIMISTII : combiner TIS et TII 

Nicolas Rode (INRAE) a ensuite présenté ce nouveau projet visant à combiner la TIS et la Technique de l’Insecte Incompatible (TII) via Wolbachia, afin d’améliorer l’efficience de la lutte contre Drosophila suzukii en cerisiers. 

 

Modélisation des stratégies de contrôle 

Enfin, Louise Vanoudenhove (INRAE) a présenté une plateforme de simulation permettant de tester différents scénarios de lâchers, leur fréquence et leur combinaison avec d’autres leviers, un outil précieux pour optimiser les futures stratégies en verger. 

 

Une première édition qui confirme l’intérêt stratégique de la TIS pour la filière ! Cette journée, riche en retours d’expérience et en échanges, a mis en lumière : 

  • l’intérêt croissant des producteurs et des territoires pour la TIS, 

  • la dynamique internationale très forte autour de cette technologie de biocontrôle, 

  • et les perspectives concrètes de déploiement en France. 

 

Le CTIFL remercie l’ensemble des experts, partenaires et participants ayant contribué à la réussite de cette première Journée Nationale. 

Présentations à venir