Le jeudi 9 octobre 2025, le CTIFL a accueilli au centre de Balandran (30) près d’une centaine de participants à l’occasion de la première Rencontre Technique consacrée à l’adaptation des cultures fruitières et maraîchères face aux effets du changement climatique.
Cette journée a rassemblé chercheurs, techniciens, producteurs et acteurs de la filière autour d’un objectif commun : identifier les leviers d’action pour construire des systèmes de production plus durables et résilients.
S’adapter aux nouvelles conditions climatiques
La journée a été introduite par Delphine Tailliez, directrice générale déléguée du CTIFL, et par Jean-Hugues Belland, président du CTIFL, qui ont rappelé les grandes missions de l’organisation : renforcer la compétitivité des acteurs tout au long des chaînes de valeur, s’inscrire dans la durabilité face au changement climatique, soutenir la consommation de fruits et légumes frais, et accélérer l’innovation dans les pratiques, les variétés et les outils.
La matinée, dédiée aux vulnérabilités et stratégies d’adaptation en maraîchage, a permis de dresser un état des lieux des impacts du changement climatique et d’explorer plusieurs pistes d’adaptation :
- Amélie Lefèvre (INRAE) a présenté une étude financée par le GIS PIClég sur la caractérisation des risques climatiques pour les systèmes maraîchers. Différents types d’aléas climatique (par exemple : pic de températures, températures moyennes plus élevées, défauts de précipitations) ont été simulées afin d’étudier leurs impacts sur la culture : détérioration du plant, modification du cycle phénologique, modification de la pression des bioagresseurs, etc.
- Charlotte Berthelot (CTIFL) a exposé les avancées du projet CLIMATVEG, qui évalue l’effet des pratiques agroécologiques sur stimuler la biodiversité microbienne des sols et renforcer la résilience des cultures face aux aléas climatiques. Des cultures plus ou moins soumises au stress hydrique sont suivies, dans des systèmes mettant en place différents leviers (travail du sol simplifié, fertilisation organique, diversification des cultures), afin d’identifier lesquels sont les plus durables.
- Justine Garnodier (CTIFL) et Elsa Desnoues (CTIFL) ont détaillé l’étude sur l’adaptabilité des variétés de fraisier au changement climatique sur les aspects agronomiques et qualité. Soumis à différentes températures, et notamment à des amplitudes thermiques variables, chaque variété réagit de manière spécifique (fruits déformés, cycle phénologique raccourcis, taille de fruits modifiée).
- Margaux Kerdraon (CTIFL) a abordé les leviers d’adaptation au stress hydrique en culture de melon : la sélection variétale, guidée actuellement vers la productivité, pourrait être orientée en fonction du besoin en eau des plants. Le pilotage de l’irrigation, demandant des outils de précision et une formation des utilisateurs, mais qui permet une utilisation optimale des ressources en eau tient ici un rôle majeur.
- Maxence Desmul (CTIFL) a illustré, avec le projet ADICT, les bénéfices du remaniement calendaire des cultures de chou cabus sur un créneau de production d’automne. Les résultats montrent qu’une plantation retardée d’un mois est possible sans pénaliser la productivité, tout en réduisant les attaques de bioagresseurs.
- Ariane Grisey (CTIFL) a conclu la session avec le projet GreenGO PERTOMCO, qui a pour objectif d’identifier et d’évaluer les pistes d’amélioration de la culture sous serre en utilisant la méthodologie de l’analyse de cycle de vie (ACV) pour les productions de tomate et concombre sous abris. En effet, l’impact des gaz à effet de serre des tomates produites sous abri chauffé ou non se situe entre 0,30 et 1,3 kg éq. CO2 par kilogramme produit et celui du concombre sous abri chauffé à 1,54 kg éq. CO2, avec un impact limité de toutes les opérations post-récolte.
De nouvelles espèces pour de nouvelles conditions
L’après-midi a permis d’aborder la question de la diversification des espèces fruitières, comme un levier d’adaptation face au changement climatique.
- Amandine Boubennec (CTIFL) a présenté le projet MAGMA, dédié à la production d’agrumes (clémentine, orange, citron et pomelo) en Occitanie dans un contexte de réchauffement climatique. L’implantation de ces espèces est étudiée sur les plans économiques, environnementaux, climatiques et techniques.
- Eva Rivière (Axa Climate) et Hugues de Labigne (Axa Climate), nous ont présenté le rôle de l’entreprise dans le projet MAGMA, qui consiste à analyser l’évolution du climat en région Occitanie à l’aide d’indicateurs spécifiques, puis à évaluer l’évolution des risques physiques affectant les cultures étudiées. Le Gard, particulièrement exposé à l’augmentation des températures, devrait devenir un territoire adapté à l’implantation de cultures tropicales, dans les prochaines années.
- Anaïs Bascoul (CIVAM Bio 66) a partagé les premières observations issues des vergers pilotes installés dans les Pyrénées-Orientales et le Gard, grâce à un suivi de terrain chez les agriculteurs. La sensibilité des agrumes à certains facteurs climatiques est évaluée (vent, gel, températures chaudes), ainsi que l’impact des bioagresseurs (phytophtora, pucerons, cochenilles, mineuse des agrumes).
Ces présentations ont été suivies de visites de parcelles expérimentales au sein du centre, permettant aux participants de découvrir les essais menés sur quatre espèces tropicales suivies pour leur potentiel d’adaptation dans le sud de la France.
- Agrumes : présentation d’une collection variétale de 17 variétés de clémentines, mandarines, citrons, oranges et pomelos plantées entre 2022 et 2025 dans le cadre du projet MAGMA. Cet essai vise à identifier les variétés les mieux adaptées au contexte méditerranéen.
- Ananas : après un excellent taux de reprise lors de l’acclimatation des vitro-plants en octobre 2024, 3 variétés d’ananas ont été plantées en tunnel froid en avril 2025. Une croissance régulière des plants a été observée au printemps et au cours de l’été. Les perspectives à court terme de cette action sont l’évaluation de différentes modalités d’application du traitement d’initiation à la floraison (TIF) et la récolte des premiers fruits à la fin de l’année 2026.
- Avocats : suivi d’une plantation de 60 individus en pleine terre sous abri froid réalisée en juillet 2025, ayant pour objectif d’établir un itinéraire technique de référence et d’évaluer l’adaptabilité des plants au climat du sud-est de la France.
- Mangues : suivi d’une plantation de 60 individus placés en serre en juin 2025, destinés à être plantés au printemps 2026 en pleine terre sous abri froid multichapelle. L’objectif du projet est, de même que pour les avocats, d’établir un itinéraire technique de référence et d’évaluer l’adaptabilité climatique des plants.
Une mobilisation collective pour la résilience
Tout au long de la journée, les échanges ont mis en lumière l’importance de la recherche collective, de l’expérimentation et du partage d’expérience pour préparer dès aujourd’hui la filière fruits et légumes aux défis climatiques de demain.
Le CTIFL remercie chaleureusement INRAE, Axa Climate, le CIVAM Bio 66, ainsi que l’ensemble des intervenants et participants pour leur contribution à la réussite de cette rencontre.