Russie et Chine : producteurs majeurs au service de leurs marchés intérieurs
La production mondiale de petits fruits rouges est de l'ordre de 4 millions de tonnes (moyenne 2020-2022) (Figure 1). La myrtille est en tête avec 1,8 million de tonnes produites. Elle est suivie par la framboise et son 0,9 million de tonnes de baies, puis par l'ensemble « cassis et groseille » et sa production de 0,7 million de tonnes.
Avec des récoltes de l'ordre de 470 000 t en cassis et groseille et de près de 200 000 t en framboise, la Russie est le premier producteur mondial. Toutefois, bien que la production russe présente un développement significatif par rapport à 2014 (+37 % en cassis et groseille, +49 % en framboise), les statistiques ne montrent pas de présence notable de ce pays dans les échanges internationaux. Cela tend à démontrer que le pays continue de destiner l'essentiel de sa récolte à son marché intérieur.
À la deuxième place, la Chine produit près de 500 000 t de myrtille dont plus de 50 % pour la transformation. Les superficies ont suivi un développement continu et sont passées d'environ 20 000 ha en 2015 à 77 000 ha en 2022. 19 % de la superficie se situe dans la province de Guizhou et 10 à 12 % dans chacune des provinces de Liaoning, du Sichuan, de Shandong, d'Anhui et du Yunnan. Là encore, malgré une production apparaissant en forte hausse, ce pays semble continuer de la consacrer quasi exclusivement à l'approvisionnement de son marché intérieur. Le net développement des importations chinoises de myrtille, s'élevant à près de 43 000 t en 2022 contre 15 300 t en 2018, est essentiellement fourni par le Pérou et, à un degré moindre, par le Chili. Ce développement vient renforcer l'image d'une demande intérieure en plein essor.
Pérou et Chili, premiers exportateurs mondiaux
Le premier exportateur mondial de petits fruits rouges est le Pérou. Plus de 90 % de sa production de myrtille est destinée à l'exportation. Ces dernières années, la production péruvienne de myrtille pour l'export a connu le développement le plus fort, passant de moins de 5 000 ha en 2017 à 21 500 ha lors de la campagne 20222023, pour un record d'exportation de près de 290 000 t. Les expéditions sont concentrées de juillet à février, principalement vers les États-Unis (54 %), l'Europe (31 %) et la Chine (13 %). Depuis 2019, le Pérou est devenu le 1er exportateur mondial, passant devant le Chili.
Au Chili, la production de myrtille a connu un développement spectaculaire entre 2010 et 2015, passant de 7 300 ha et 55 000 t à 14 500 ha et plus de 100 000 t. Elle a continué de s'accroître par la suite pour atteindre un pic de 200 000 t récoltées lors de la campagne 2020-2021, sur une superficie de plus de 18 000 ha. Depuis, cette superficie se montre stable, le volume de production affichant un recul depuis deux campagnes, à 166 000 t en 2022-2023, en raison notamment d'aléas climatiques défavorables. Près de 60 % des myrtilles chiliennes sont destinées à l'export, surtout de décembre à février. Leurs principales destinations sont les États-Unis (50 %), l'Europe (21 % vers les Pays-Bas, 7,5 % vers le Royaume-Uni et 6 % vers l'Allemagne notamment) et la Chine (6 %). La production chilienne de framboise est beaucoup plus modeste et s'inscrit désormais en baisse régulière, à 11 800 t en 2022 pour une superficie de l'ordre de 2 000 ha, contre 3 500 ha en 2012.
Le Mexique figure également en bonne place parmi les principaux producteurs mondiaux de petits fruits rouges. La récolte mexicaine atteint notamment 160 000 t de framboise et 70 000 t de myrtille, auxquelles s'ajoutent au moins 120 000 t de mûre. L'export vers les États-Unis est le principal débouché.
États-Unis et Canada, premiers importateurs
Les États-Unis font figure de premier marché mondial des petits fruits rouges. Ils sont le premier producteur mondial de myrtille avec 296 000 t dont les deux tiers sont cultivés dans les États de Washington, de l'Oregon et de Californie. 45 % des myrtilles produites sont destinées à la transformation. Les États-Unis sont également le cinquième producteur de framboise avec 85 000 t mais ils sont aussi le premier importateur mondial de petits fruits rouges. Les importations américaines suivent d'ailleurs une hausse tendancielle, à hauteur de 260 000 t de myrtille fournies par le Pérou (45 %), le Mexique (24 %), le Chili (22 %) et le Canada (8 %), ainsi que 115 000 t de framboise et 120 000 t de mûre essentiellement fournies par le Mexique.
Au Canada, hormis la canneberge (175 000 t), la production de petits fruits rouges concerne surtout la myrtille, avec près de 160 000 t récoltées. Cette production se répartit à parts sensiblement égales entre la myrtille arbustive et le bleuet sauvage. La myrtille arbustive également appelée « bleuet en corymbe » ou « Highbush » représente 73 000 t de fruits. Elle est surtout récoltée en Colombie-Britannique. Le bleuet sauvage, appelé « Lowbush », pousse au ras du sol et représente 85 000 t. Il est récolté au Québec et dans l'est du pays et quasi exclusivement destiné à la transformation (congélation). Les exportations du Canada (20 000 t) sont très majoritairement destinées à leur voisin américain. D'importants volumes font d'ailleurs l'objet d'échanges entre les deux pays, à destination d'usines de transformation situées des deux côtés de la frontière. Le Canada figure ainsi en position de deuxième importateur mondial, avec 105 000 t de framboise et de myrtille, fournies en premier lieu par les États-Unis (47 %), puis par le Mexique (34 %) et le Pérou (13 %).
En Europe, l'Espagne, leader sur le marché du frais
En Europe, le premier pays producteur de petits fruits rouges est la Pologne, avec près de 150 000 t de cassis et 110 000 t de framboise. Une grande partie de la production polonaise est destinée à la transformation puis à l'export, notamment vers ses voisins européens. Les volumes exportés sous forme de produits congelés atteignent ainsi plus de 50 000 t de framboise, 30 000 t de cassis, 25 000 t de groseille ou encore 15 000 t de myrtille. Les exportations polonaises de petits fruits rouges frais sont plus modestes, atteignant tout de même 20 000 t de myrtille et 9 500 t de framboise.
La Serbie est le troisième producteur mondial de framboise avec 115 000 t. C'est également l'un des tout premiers fournisseurs de l'Union européenne en petits fruits rouges surgelés avec notamment 65 000 t de framboise.
Pour le marché du frais, l'Espagne est le premier producteur de l'Union européenne. Entre 2010 et 2020, la production espagnole de framboise s'est multipliée par cinq, pour s'établir à 50 000 t, sur environ 2 500 ha, concentrés dans la province de Huelva. Depuis, la production se montre stable, voire en légère diminution avec 45 000 t et 2 300 ha en 2022. En revanche, depuis 2015, la production espagnole de myrtille se développe quasi constamment. En 2022, elle a ainsi atteint le niveau record de 70 000 t pour 4 800 ha contre 21 000 t et 1 800 ha en 2015. En framboise comme en myrtille, la production espagnole est concentrée à Huelva et très majoritairement destinée à l'exportation.
Le Portugal représente, derrière l'Espagne, l'autre principal pays producteur-exportateur de petits fruits rouges. La production portugaise de framboise, également en hausse, atteint désormais près de 30 000 t, sur près de 1 550 ha, en grande partie situés dans la moitié sud du pays (Alentejo surtout et Algarve). En myrtille, en 2022, la production portugaise a atteint 19 000 t sur 2 600 ha contre moins de 10 000 t et 1 700 ha en 2017. Les trois-quarts de la production portugaise de myrtille sont obtenus dans moitié nord du pays.
De l'autre côté de la Méditerranée, la production marocaine, soutenue par le Plan Maroc Vert, a connu un développement spectaculaire. Entre 2017 et 2020, la production de myrtille, comme celle de la framboise, a presque triplé pour atteindre 30 000 t sur environ 3 000 ha pour chacune des deux espèces. Depuis, ces productions ont connu de nouvelles progressions, pour s'établir en 2023 à 70 000 t de framboise sur 4 650 ha et à plus de 60 000 t de myrtille sur 4 150 ha. Les zones de production marocaines sont situées dans le nord du pays (à 60 % environ dans le Gharb et le Loukkos), où la culture de petits fruits rouges a débuté, et dans le Sud (à 40 % environ à Souss-Massa et Oued Ed dahab) où le développement est plus récent.
Un marché européen toujours en développement
Au niveau mondial comme européen, pour répondre à une demande croissante, la production de petits fruits rouges se montre donc toujours en hausse globale. En Europe, cela se vérifie à travers la progression des importations cumulées de petits fruits rouges des 27 membres de l'Union européenne : en dix ans, le volume d'importation cumulé a été multiplié par près de cinq, à 550 000 t (moyenne 2021-2023).
En framboise, le volume des importations européennes a quadruplé en dix ans pour atteindre un pic en 2021 avec 180 000 t. Depuis, ce volume a connu un sensible recul avec 150 000 t en 2023, montrant ainsi peut-être les premiers signes d'un marché arrivant à maturité (Figure 2).
En myrtille, les importations européennes concernent deux codes douaniers : l'un regroupant la myrtille arbustive Vaccinium corymbosum et la canneberge Vaccinium macrocarpon, l'autre désignant la myrtille sauvage Vaccinium myrtillus. Dans le premier cas, le volume importé par l'UE à 27 a connu un pic en 2022 avec 220 000 t de myrtille importée, avant de légèrement fléchir en 2023 à 174 000 t. Ce volume s'élevait à seulement 15 000 t il y a dix ans. Ce spectaculaire développement des importations correspond à celui des volumes reçus avant tout du Pérou, du Chili, du Maroc, ainsi que, plus récemment et dans une moindre mesure, d'Afrique du Sud. Dans le cas de la myrtille sauvage, le développement des importations de l'UE à 27, passées d'environ 25 000 t il y a dix ans à un pic de 150 000 t en 2022, correspond plutôt à l'accroissement des volumes reçus des pays producteurs ou réexportateurs de l'UE : Espagne (33 %), Pays-Bas (25 %), Allemagne (11 %), Pologne (9 %) ou encore Maroc (4 %) et Portugal (3 %). Néanmoins, le volume global des importations de l'UE aura, ici aussi, connu un léger fléchissement en 2023 à 124 000 t.
Au sein de l'UE à 27, le développement des importations de petits fruits rouges a concerné l'ensemble des pays membres (Figure 3). Toutefois, il reste avant tout porté par quatre pays réceptionnant toujours près des trois-quarts des volumes : les Pays-Bas (28 %), l'Allemagne (21 %), l'Espagne (15 %) et la France (8 %). Dans chaque cas, les importations sont bien sûr destinées à l'approvisionnement du marché intérieur, mais aussi à des réexportations, le plus souvent vers d'autres pays membres de l'UE, dans des proportions plus ou moins fortes.
S'il faisait toujours partie de l'Union européenne, le Royaume-Uni figurerait en troisième importateur principal, avec environ 100 000 t de petits fruits rouges provenant avant tout d'Espagne (35 %), du Chili (13 %) et du Pérou (9 %).
Le calendrier moyen d'approvisionnement de l'UE à 27 en petits fruits rouges par origine permet de résumer les principales origines présentes et leurs périodes de livraison (Figure 4). Ainsi, sur un approvisionnement global de 550 000 t (moyenne 2021-2023), l'Espagne arrive en tête (20,5 %) : les expéditions vers ses voisins européens se répartissent de novembre à juillet, avec une concentration plus marquée entre avril et juin, notamment en myrtille.
Les Pays-Bas apparaissent en tant que deuxième fournisseur de l'UE à 27, presque à hauteur de l'Espagne (20 %). Cela s'explique par une importante activité de réexportation, sur l'ensemble de l'année. En effet, si les Pays-Bas possèdent bien une production de petits fruits rouges avec 8 600 t de myrtille, 6 200 t de groseille et 3 400 t de framboise, ce pays est d'abord le premier importateur de l'UE à 27 avec 145 000 t réceptionnées en moyenne (2021-2023). Ce volume a été multiplié par cinq en dix ans et fait l'objet en grande partie de réexportation vers les pays voisins, en hiver et au printemps surtout en myrtille du Chili, du Pérou ou du Maroc, et au printemps et en été en framboise d'Espagne ou du Portugal.
Encore peu présente il y a une dizaine d'années, l'origine Maroc s'impose aujourd'hui comme la troisième sur le marché européen des petits fruits rouges (13 %). La production marocaine est en effet majoritairement destinée à l'exportation vers l'Europe. La progression de l'origine marocaine s'observe tant sur le marché de la framboise que sur celui de la myrtille, où ses progrès récents sont encore plus forts. Les arrivages de produits marocains interviennent de novembre à mai en framboise et de mars à mai en myrtille. Ils transitent en grande partie par l'Espagne, précédant ainsi, mais chevauchant également, les livraisons de la première origine « intra-UE » pour les petits fruits rouges.
Sur le créneau hivernal, le Pérou est le quatrième fournisseur de petits fruits rouges de l'UE à 27 (10 %), avec, de septembre à décembre, principalement de la myrtille. À la même période que le Pérou, l'Afrique du Sud (2 %) est désormais présente. Les arrivages de myrtille en provenance de ce pays se sont développés au cours des cinq dernières années. Ils précèdent la deuxième principale origine de l'Hémisphère sud, le Chili (6 %), qui est davantage concentré de janvier à mars.
Dans une moindre mesure que dans le cas des Pays-Bas, la présence de l'Allemagne sur l'ensemble du calendrier d'approvisionnement témoigne surtout de la réexportation de produits transitant par ce pays. Il faut toutefois souligner le développement de la production allemande depuis dix ans : entre 2013 et 2023, la récolte allemande de myrtille est passée d'environ 10 000 t à plus de 15 000 t, grâce à l'extension des superficies, passant de 2 000 ha à 3 500 ha. En framboise, les superficies sous serres ou abris hauts ont été multipliées par 4 à 440 ha. Elles sont aujourd'hui équivalentes à celles de plein air, lesquelles ont été divisées par deux. La production globale en ressort en hausse, à 6 800 t (+25 %). Par ailleurs la production allemande de groseille progresse (+40 % à 8 700 t), alors que celle de cassis diminue (-30 % à 5 000 t).
Au cours de l'été européen, l'origine polonaise se concentre sur des arrivages de juillet à septembre. Les expéditions de petits fruits rouges polonais ont globalement progressé depuis dix ans, à près de 40 000 t en moyenne. Leur développement est essentiellement venu de la myrtille, dont les volumes exportés ont été multipliés par dix, à 21 500 t. Au contraire, les exportations polonaises de framboise fraîche ont été divisées par deux, pour représenter désormais moins de 10 000 t. Les exportations polonaises sont surtout destinées à l'Allemagne (37 %), aux Pays-Bas (16 %) et au Royaume-Uni (11 %).
Derrière la Pologne et sur sensiblement le même créneau, se trouve le Portugal. Dans le sillage du développement de sa production, les exportations portugaises ont, elles aussi, été multipliées par 10 en dix ans. Elles approchent désormais les 40 000 t en moyenne, en étant principalement destinées à quatre autres pays membres de l'UE : l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne et la France. Les exportations portugaises restent très majoritairement constituées de framboise de mai à octobre (72 %) et de myrtille de mai à août (17 %), mais aussi de mûre (10 %).
La situation française
Dans un contexte global d'augmentation de la production et des échanges, la production française, essentiellement disponible entre mai et septembre, se montre relativement stable (Figure 5). Celles du cassis et de la myrtille, des espèces regroupées dans le cadre de la Statistique Agricole Annuelle, demeurent en tête, avec 8 600 t récoltées en moyenne depuis trois ans, dont environ 6 600 t de cassis dirigées vers la transformation pour la fabrication de liqueurs, sirops, etc. La production estimée de myrtille française approche ainsi les 2 000 t. En framboise, la production montre des signes de développement depuis cinq ans. Elle atteint désormais 5 800 t en moyenne, dont environ 20 % pour la transformation. Enfin, la production de groseille reste la plus modeste, avec près de 1 000 t pour le frais et autant pour la transformation.
Si la production française peine à connaître un développement significatif, les importations françaises, à l'image des importations européennes, se sont montrées en forte progression depuis dix ans (Figure 6). Depuis 2013, le volume d'importation français en petits fruits rouges a presque été multiplié par quatre, pour atteindre plus de 40 000 t en 2023. Toutefois, la progression du volume global des importations françaises montre un certain ralentissement depuis 2020.
La framboise reste d'assez loin le premier petit fruit rouge importé par la France, avec près de 25 000 t, ayant pour principales origines l'Espagne (41 %) entre novembre et juin, le Portugal (23 %) de mai à octobre et le Maroc (22 %) de novembre à mai. La myrtille est l'autre principal petit fruit rouge importé, avec désormais près de 14 000 t, provenant principalement d'Espagne (47 %) entre avril et juin et du Maroc (26 %) entre mars et mai, mais aussi du Portugal (7 %) entre juin et août ou encore du Pérou et du Chili (10 %) d'octobre à février.
L'augmentation de la taille du marché français des petits fruits rouges frais résulte donc surtout de l'accroissement des importations, compte tenu d'une production relativement stable. Cela s'accompagne mécaniquement d'une diminution de la part de l'offre française sur le marché (Figure 7). En framboise, celle-ci s'établit à 17 % en moyenne entre 2021 et 2023, ce qui représente 8 points de moins qu'il y a dix ans. En myrtille, elle atteint également 17 % contre 64 % en 2014.
Achats des ménages français, un retour à la hausse après une pause en 2023
Sur un marché français des fruits et légumes frais où les quantités achetées par les ménages diminuent pour la quatrième année consécutive, la catégorie des petits fruits rouges, avec framboise et myrtille en leaders, se distingue par la progression tendancielle de son niveau d'achat.
En framboise, cette augmentation se mesure entre 2015 et 2024 à un rythme annuel moyen de 6,2 % en volume et 7 % en valeur contre -1,6 % en volume et +1,9 % en valeur pour les fruits en général. Le développement des achats de framboise est d'autant plus remarquable qu'il se produit dans un contexte d'accroissement tendanciel de leur prix moyen - augmentation légèrement supérieure des achats en valeur à celle des achats en volume. Le développement des achats de framboise résulte avant tout d'un élargissement régulier de la taille de clientèle de ce produit (taux de ménages acheteurs). Celle-ci est en effet passée de 18 % en 2015 à un pic de 28 % en 2022.
En myrtille, la progression des achats des ménages est plus récente et encore plus forte. La taille de clientèle de la myrtille a atteint 16 % en 2023, alors qu'elle n'était que de 5 % en moyenne de 2015 à 2017. La progression des achats de myrtille s'effectue ainsi à un rythme annuel moyen impressionnant entre 2015 et 2024, de près de 28 % en volume et 26 % en valeur, la tendance depuis 2015 demeurant plutôt à la diminution du prix moyen d'achat.
Toutefois, la croissance des achats de petits fruits rouges a connu une interruption en 2023, dans un contexte d'inflation particulièrement forte dans le domaine alimentaire. En framboise, le volume d'achat a ainsi connu une franche diminution sur un an (-17 %), s'accompagnant d'une contraction de la taille de clientèle pour la première fois depuis plus de dix ans (-2 points, à 26 % de ménages acheteurs). La baisse des achats est restée plus modérée en valeur (-13 %), en raison d'un prix moyen d'achat en hausse (+5 %). En myrtille, les achats ont également connu un fléchissement inédit en volume (-8 %). Cette diminution est restée plus modeste que celle observée en framboise, grâce notamment à un nouvel élargissement de la taille de clientèle (+0,5 point, à 16 % de ménages acheteurs).
Pour 2024, la question était donc de savoir si la progression des achats de petits fruits rouges allait reprendre après une pause conjoncturelle ou bien si ce marché allait montrer les signes d'avoir plus durablement atteint un plafond. Les données 2024 ont plutôt révélé une orientation en faveur du scénario le plus optimiste. En effet, les achats de framboise ont connu un franc rebond, en volume comme en valeur (+11 %), portés par une taille de clientèle atteignant un niveau record (28,8 % de ménages acheteurs). En myrtille, ce rebond a été encore plus fort en volume (+14 %) qu'en valeur (+11 %), permettant de porter les achats à leur plus haut niveau observé (Figure 8). Cette reprise des achats par les ménages permet d'envisager de nouvelles perspectives de développement pour le marché des petits fruits rouges en France. En effet, des marges de progrès continuent d'exister, notamment en comparant le niveau de consommation apparente des Français avec moins de 500 g par an et par habitant, à ceux observés en Europe du Nord avec plus d'1,5 kg en Allemagne et au Royaume-Uni et plus de 2 kg aux Pays-Bas.
Marché des petits fruits rouges : de quelles espèces parle-t-on ?
L'analyse du marché des petits fruits rouges porte principalement sur la framboise et la myrtille, principaux moteurs du développement de ce marché. Le cassis et la groseille sont également traités, en particulier pour leur usage orienté vers la transformation, notamment en France. D'autres espèces comme la canneberge, la mûre ou les airelles font partie du périmètre étudié, mais ne sont abordées que de façon ponctuelle, en raison du manque de données statistiques les concernant. La fraise, dont le marché est beaucoup plus mature, les volumes beaucoup plus importants et les échanges intercontinentaux moindres, n'entre pas dans le périmètre des petits fruits rouges analysés dans cet article.
Les données clés à retenir
Le marché des petits fruits rouges poursuit sa croissance - Progression de la production, des échanges mondiaux et de la consommation française
En France, les petits fruits rouges se distinguent dans le paysage des fruits et légumes frais par une progression quasi ininterrompue de leur niveau d'achat depuis dix ans. Leur consommation connaît un fort dynamisme en Europe, comme le montrent les importations de l'Union européenne à 27, multipliées par cinq sur la même période. Pour répondre à une demande en hausse, la production de petits fruits rouges a connu des développements spectaculaires au Pérou, au Chili ou encore au Maroc, en Espagne et au Portugal. La succession des productions entre les hémisphères nord et sud permet un approvisionnement tout au long de l'année. En France, la croissance reste guidée par les importations, ce qui se traduit par une baisse de la part de l'offre nationale avec un taux d'auto-approvisionnement de 17 % en framboise et myrtille.
Key points
The market for red berries continues to grow - Increases in production, world trade and French consumption
In France, red berries stand out in the range of fresh fruit and vegetables for their almost uninterrupted rise in sales over the last ten years. Consumption of red berries is booming in Europe, as shown by the five-fold increase in imports from the 27-member European Union over the same period. To meet growing demand, production of red berries has expanded spectacularly in Peru, Chile, Morocco, Spain and Portugal. Succession of production between the northern and southern hemispheres ensures year-round supply. In France, growth continues to be driven by imports, resulting in a fall in the share of domestic supply, with a self-supply rate of 17% for raspberries and myrtle blueberries.