« Le secteur des fruits et légumes souffre d'un déficit de financement »

Luca Corelli Grappadelli

« Le secteur des fruits et légumes souffre d'un déficit de financement »
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Publié le 01/03/2020

Dans le domaine de la physiologie des arbres, quels sont les travaux en cours réalisés par l'université de Bologne et en particulier sur les incidences de la fertilisation sur la qualité des fruits et sur la sensibilité aux bioagresseurs ?

À l'université de Bologne (Unibo), nous avons un programme très diversifié sur la nutrition des sols. Une problématique essentielle qui répond à un besoin exprimé par différents organismes tant au niveau national qu'international. Ce qui explique pour partie la présence de certains de mes collègues dans des structures européennes, voire mondiales. Actuellement, nous concentrons nos recherches dans la réduction de l'usage des engrais et des produits phytopharmaceutiques. Nous poursuivons en quelque sorte notre recherche afin de rendre le travail du cultivateur moins pénible et économiquement plus gratifiant. À titre d'exemple, nous savons tous que l'azote peut entraîner une croissance végétative excessive de l'arbre, au détriment de la production de fruits. Mais un arbre bien « nourri » plaît à l'oeil ce qui peut faire croire au cultivateur qu'il a fait du bon travail. Pourtant, un excès d'azote peut provoquer un dérèglement de production lié à ce déséquilibre et produire des fruits de mauvaise qualité qui se conservent mal. Qui plus est, l'agriculteur s'est lancé dans une opération onéreuse qui peut dans certains cas le fragiliser financièrement. En Émilie-Romagne (nord de l'Italie), les sols sont en général très fertiles et l'application de l'azote doit se faire avec parcimonie lorsque cela est réellement nécessaire. Par ricochet, nous sommes engagés dans plusieurs projets axés sur la fertilisation dite de précision. Parallèlement, on s'intéresse à l'étude de l'interaction entre la physiologie de la croissance des fruits et l'absorption d'éléments nutritifs tel que le calcium qui permet une meilleure conservation des produits. Il est utile de rappeler que le calcium ne peut plus atteindre les pommes après la floraison (soit à partir de 60 jours) car il se déplace dans le xylème. Le fruit perd alors sa connexion au xylème à peu près à ce moment-là. En outre, la peau de la pomme est assez riche en cires épidermiques la rendant relativement imperméable. Il s'avère que les pulvérisations foliaires de calcium ne sont plus très efficaces. En outre, le calcium est affecté par d'autres éléments, comme le potassium, et ce point n'est pas suffisamment pris en compte dans la plupart des programmes de nutrition. Nous avons des projets de recherche en cours pour étudier cette interaction. Sur d'autres aspects, nous étudions des solutions Alt-Carpo pour les parasites comme la punaise diabolique (Halyomorpha halys) , la dernière de la lignée des parasites et des maladies auxquels nos producteurs sont confrontés. Parallèlement, nous étudions les problématiques de l'irrigation dans le contexte d'une disponibilité/utilisation réduite de l'eau ; la gestion de précision des vergers comprenant l'usage des applications d'intelligence artificielle.

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