La production de melon en France et ses contraintes
En 2024, la production de melon en France métropolitaine représente 10 650 hectares. Elle se répartit dans trois principaux bassins de productions : le Centre-Ouest (2 650 hectares), le Sud-Ouest (2 300 hectares) et le Sud-Est (5 700 hectares). La surface de production au niveau national est stable depuis 2022 [1]. En termes de volumes de production, le melon représente 4 % du volume de production de légumes frais. Il se place en 5e position après la tomate, l'oignon, la carotte, le haricot et la salade, avec 259 927 tonnes récoltées en 2021 [2]. Les producteurs de melon sont confrontés à plusieurs problématiques phytosanitaires liées aux différents contextes pédoclimatiques rencontrés. La bactériose Pseudomonas syringae et la cladosporiose Cladosporium cucumerinum sont deux maladies principalement rencontrées dans le bassin de production Centre-Ouest en raison du climat frais et humide, tandis que les pucerons et les acariens sont des problématiques retrouvées principalement dans le bassin Sud-Est où les conditions climatiques sont plus chaudes et sèches. Le bassin Sud-Ouest, avec un climat intermédiaire, rencontre régulièrement ces deux maladies ainsi que les pucerons. Le mildiou Pseudoperonospora cubensis est une maladie aérienne qui touche les trois bassins de production. Apparu dans le bassin Sud-Est il y a plusieurs dizaines d'années, il est désormais observé chaque année dans les bassins Sud-Ouest et Centre-Ouest. Avec le retrait de l'homologation des produits à base de mancozèbe, la lutte contre cet agent pathogène est aujourd'hui très difficile pour les producteurs de melon.
Biologie et dynamique de développement du mildiou
Le développement de l'oomycète Pseudoperonospora cubensis est possible lorsque l'hygrométrie ambiante est très élevée et que de l'eau libre est présente sur les feuilles, généralement après des pluies ou de la rosée. L'eau libre permet aux sporanges de libérer des zoospores qui viennent se fixer sur les feuilles. Une fois fixées, elles développent leur tube germinatif pour pénétrer les feuilles au niveau des stomates. Le mycélium (ou hyphe) colonise alors les tissus foliaires à l'aide des éléments nutritifs présents dans la feuille, jusqu'à former des sporangiophores qui, sortant des stomates, produisent les sporanges constituant l'inoculum secondaire (Figure 1). La contamination de la culture par le mildiou peut survenir en 2 heures si les températures sont optimales, c'est-à-dire entre 20 et 25 °C. L'apparition des premières sporangiophores et donc de l'inoculum secondaire a lieu 3 à 4 jours après l'infection, ce qui est très rapide. En plus de se développer rapidement, le mildiou des cucurbitacées est aussi un organisme résistant, supportant des températures de plus de 37 °C plusieurs jours d'affilée en survivant grâce aux températures nocturnes [3]. Au regard de la vitesse d'infection de la culture par cet agent pathogène et de sa résistance à des conditions climatiques extrêmes, le contrôle de cette maladie en culture de melon est très difficile une fois les premiers symptômes observés. Aujourd'hui, les producteurs mettent en place des stratégies de protection préventive afin d'assurer son contrôle. Cette stratégie de protection comprend l'application de produits de contact (cuivre, cyazofamide), de produits systémiques (mandipropamide) et de biocontrôle (phosphonates de potassium). Si le mildiou est bien connu de la filière melon, la recherche reste encore nécessaire pour permettre aux melonniers de mieux maîtriser cette maladie.