Depuis quand parle-t-on d'artichaut de semis ?
Le semis de l'artichaut a longtemps coexisté avec la multiplication végétative jusqu'à il y a environ deux siècles lorsque les variétés à multiplication végétative ont été fixées en Italie, en Espagne et en France. Les variétés de semis étaient alors des variétés populations, présentant leur lot d'hétérogénéité. Les variétés à multiplication végétative sont des variétés clones qui présentent l'avantage d'être génétiquement homogène mais dont la multiplication est contraignante. La perspective de disposer de variétés d'artichauts sous forme de graines était déjà envisagée dans les années 1980. Il existe dans le monde des variétés populations de semis (Gros Vert de Laon, Sakiz, etc.). Le semis a d'ailleurs été utilisé en concurrence avec la multiplication végétative jusqu'au XIXe siècle au cours duquel les principales variétés européennes ont été fixées par bouturage. La recherche orientée vers la création de variétés de semis a été commencée par l'INRA dans les années 1990, relayée par la société Nunhems à partir de 1998 quand l'INRA a arrêté ses travaux sur l'artichaut. Depuis les années 2010, Nunhems propose des variétés hybrides F1 disponibles sous forme de graines, très diffusées en Espagne et en Italie, ainsi que dans le sud de la France. La société Plant Science a également proposé des variétés dans les années 2000.
Pourquoi opter pour le semis ?
La multiplication végétative reproduit à l'identique, génétiquement parlant, la variété de départ mais présente quelques inconvénients. Elle diffuse des virus, très présents sur artichaut avec au moins 25 virus identifiés, que seule la culture in vitro ou le passage par la graine peuvent éliminer. Les plants sont obtenus à partir de pousses issues de bourgeons adventifs. Or ces bourgeons peuvent avoir un âge physiologique très différent, le fait de différer la date de plantation ne change pas beaucoup la période de récolte. La difficulté de maîtriser le calendrier de production est un handicap certain pour les producteurs d'artichaut. De nos jours, la réduction des temps de travaux, notamment les travaux pénibles et ceux liés à la préparation des plants issus de multiplication végétative, constitue une nouvelle motivation (Figure 1).