S'adapter au changement climatique
Audrey Trevisiol de l'Ademe a introduit le sujet à travers les observations et projections météorologiques de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) et de Météo France. Il est observé depuis 1900, + 1,5 °C de température moyenne annuelle et 50 % de feux de forêts en plus. Le moustique tigre est installé dans 45 départements. Un manque d'eau de deux milliards de m3 est annoncé en 2050 si la demande reste stable. Les épisodes de catastrophes naturelles devraient aussi augmenter. Météo France projette une augmentation des vagues de chaleur en nombre de jours et niveau de température très importante. Le changement climatique est déjà visible sur les relevés scientifiques et ne semble pas avoir fini d'évoluer. Les enjeux sont multiples, il faut limiter ces modifications et s'adapter. Cela conduit à réduire les émissions de Gaz à effet de serre (GES), stocker le carbone, produire des énergies renouvelables et avoir des produits biosourcés. Au niveau de l'agriculture, les évolutions du climat (hausses des températures, augmentation du CO2 dans l'air, à-coup des régimes de précipitation, événements extrêmes) impactent la quantité des récoltes et leur qualité. En arboriculture, les variations interannuelles, comme un épisode de gel, peuvent non seulement limiter la production de l'année mais aussi induire des phénomènes d'alternance pour les années suivantes. Les professionnels doivent donc s'adapter pour assurer la pérennité de leurs entreprises.
La production agricole va être impactée. Mais quelles pourraient être les conséquences sur les autres maillons de la filière « pomme », comme la conservation, la distribution, la consommation ? Pour une vision stratégique globale, cohérente et adaptée aux enjeux, c'est une approche à l'échelle de la filière qu'il faut envisager. L'Ademe a travaillé durant l'année 2019 à une méthode d'analyse des impacts du changement climatique pour les filières agroalimentaires, jusqu'à la définition de stratégies d'adaptation à l'échelle de chaque filière. La méthode a été testée sur trois filières dont la pomme en Pays de la Loire. Un groupe de travail a mobilisé plusieurs acteurs (pépiniériste, production, transformation, R&D...). Le groupe a tout d'abord été sensibilisé aux impacts du changement climatique puis une concertation a eu lieu avec des réflexions sur le moyen et long terme. Sur ces pas de temps plus longs, les adaptations s'apparentent plus à des évolutions de système de production (changement de culture), que des adaptations « tactiques » (changement de variétés). Par la suite ces stratégies doivent être intégrées dans un cadre plus global « filière » (consommation, transformation matière première...).