Homologation et recherche d'alternatives pour couvrir les usages
Le système d'homologation des produits de protection des cultures est complexe et à double niveau comme le rappelle Frédérique Audiat-Perrin (DGAL). La première étape est l'approbation de la substance active au niveau européen, la deuxième est l'obtention de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l'État membre de l'Union européenne. Depuis 2018, différents critères d'exclusion, comme les CMR1 (cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction) ou les perturbateurs endocriniens conduisent au retrait de 10 à 20 substances actives chaque année. La France est un des États membre dans lequel il y a le plus grand nombre de substances autorisées. Cependant, concernant la réglementation, la mise sur le marché proprement dite des produits phytopharmaceutiques se situe à un niveau national et n'est pas harmonisée au sein de l'UE, ce qui conduit à des distorsions entre les pays
Les usages orphelins et mal pourvus sont annuellement recensés dans le cadre du Comité technique opérationnel sur la base d'un travail réalisé par les groupes nationaux « Homologation » animés par les experts de la DGAL et le CTIFL. En arboriculture fruitière, les usages critiques c'est-à-dire les usages vides ou pourvus d'un nombre de substances actives trop limité pour assurer une bonne protection, sont en forte progression pour les usages « ravageurs » passant de 13 usages critiques en 2017 à 62 en 2024. Pour les usages « maladies », on observe moins d'usages critiques, mais également en progression, de 15 à 26. Ainsi, le bilan des demandes de dérogations pour couvrir les situations d'urgence est à la hausse. En 2024, 92 décisions, en nombre d'usages, ont été signées, contre 66 en 2022. Les principaux usages concernés sont les mouches (Drosophila suzukii, mouche du brou, de l'olivier et du figuier), le carpocapse (fruits à pépins, prunier, châtaignier, noyer), l'hoplocampe du pommier et du prunier, l'Eurtyoma (amandier, pistachier), les pucerons, punaises, cochenilles, cicadelles, anthonomes, balanins, acariens et phytoptes et un ensemble de maladies (tavelure, cloque, Monilioses, Coryneum, Oïdium, OEil de Paon, maladies de conservation, ...).
Face à cette situation, Ludovic Dubois (DGAL) et Bertrand Bourgouin (DGAL) présentent le travail initié par le Comité des solutions, voir l'encadré Le comité des solutions : 40 % des solutions potentielles identifiées par les professionnels devraient trouver une solution sur du court ou moyen terme. 8 % des solutions proposées ont reçu un retour « défavorable » des sociétés détentrices. 52 % sont en attente d'une réponse des firmes phytosanitaires. Dans certains cas, les firmes ne peuvent prendre aucune décision tant que la substance active n'est pas réapprouvée au niveau européen ou lorsque l'extension d'usage nécessite des compléments scientifiques ou techniques exigés dans le cadre de la réapprobation européenne de la substance active.
Pour accélérer la recherche d'alternatives et accompagner le déploiement opérationnel de ces alternatives, Brigitte Heidemann (DGAL) expose l'organisation du dispositif « PARSADA », le plan d'action stratégique pour l'anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures. Il s'agit de mobiliser les acteurs de la recherche (instituts techniques et INRAE notamment) pour travailler quatre axes : la connaissance des bioagresseurs et des auxiliaires, les solutions à l'échelle de la plante, de la parcelle et du paysage, ainsi que le transfert et le déploiement auprès des agriculteurs. Sur 14 plans d'action de la vague 1, le CTIFL en porte deux : Drosophila suzukii sur cerise et un projet relatif à la gestion des adventices.
Tavelure du pommier, chancre du châtaignier et maladie du bois du noisetier
Pour réduire la pression tavelure, une méthode de prophylaxie consiste à agir sur l'inoculum qui se conserve dans les feuilles au sol à l'automne et en hiver. L'essai conduit en 2024 à SUDEXPÉ sur des feuilles tavelées, placées dans des sacs grillagés à l'extérieur pendant tout l'hiver, obtient les meilleurs résultats avec une levure ou du glucose, additionné ou non d'urée. Vincent Valejo (Cefel) présente une expérimentation combinant prophylaxie et stratégie dite alternative excluant les fongicides menacés. Elle montre que, face à une très forte pression tavelure soit 99 % des feuilles tavelées et 46 % des fruits attaqués dans le témoin non traité, seule la stratégie de référence atteint un niveau d'attaque acceptable avec 13,5 % de feuilles tavelées et 0,5 % de fruits attaqués. Néanmoins, parmi les trois stratégies globales « alternatives » testées, le double broyage à l'automne présente un niveau d'attaque sur pousses similaires à la référence (24 %), mais le pourcentage de fruits tavelés est trop élevé (7 %). Les observations faites sur trois ans dans le programme « Horizon 2025 » sur le centre CTIFL de la Morinière vont dans le même sens. Les niveaux d'efficacité sur feuilles, pousses et fruits, que ce soit dans une stratégie alternative « AB » ou « PFI », sont, chaque année, inférieurs à la référence. De plus, l'efficacité se dégrade d'année en année, induisant un impact négatif sur la production.
Pour lutter contre le chancre de l'écorce du châtaignier, Cryphonectria parasitica, qui provoque des retards de mise à fruits, voire la mortalité des plants dans les jeunes vergers, et entraîne des pertes de production dans les vergers adultes, Invenio conduit des essais sur l'efficacité de souches hypovirulentes mises au point par l'INRAe. Le principe consiste à appliquer, sur les chancres « griffés », des souches de C. parasitica virosées qui diminuent l'agressivité de l'agent pathogène et freinent sa reproduction sexuée. Les premiers résultats montrent l'intérêt d'appliquer un mélange de souches hypovirulentes « donneuses universelles » du virus au lieu d'une souche spécifique et régionale. Cependant, pour que la technique puisse se déployer, une firme phytosanitaire doit porter le dossier d'homologation.
Identifié en 2010 en Italie, le champignon Fomitiporia mediterranea est à l'origine des symptômes de dépérissement du noisetier. La démarche innovante engagée par le CTIFL, l'IPREM (Unité Mixte de Recherche CNRS/UPPA) et les professionnels de la noisette, repose sur la recherche de solutions de biocontrôle dans le microbiote du noisetier. Le bois de noisetier est colonisé par de nombreux micro-organismes, dont certains ont des activités potentielles de biocontrôle. Les genres d'organismes travaillés sont des Bacillus, des Pseudomonas et des Trichoderma.
Combiner les leviers contre le puceron cendré et le carpocapse
Les actions « pucerons cendrés » conduites par le Cefel et SUDEXPÉ portent sur les interventions automnales. Elles ciblent le retour des pucerons au verger dans le but de réduire les traitements au printemps. Appliquée en deux ou trois fois, la gamme d'aphicides testés en 2024 n'a pas permis d'atteindre les niveaux d'efficacité attendus. Ceci montre la difficulté du positionnement des interventions par rapport au vol retour des pucerons et des conditions climatiques à l'automne. Des enseignements peuvent être tirées des stratégies globales utilisées à l'automne et au printemps. Ces stratégies se composent de prophylaxie à l'automne, d'huiles à la sortie d'hiver suivies d'azadirachtine (en dérogation 120 jours), d'huile essentielle d'orange douce au stade C3 ou en préfloraison et d'apports d'oeufs de chrysopes dès l'apparition des premiers pucerons en avril. Au Cefel, le chélate de cuivre positionné à l'automne a permis de réduire drastiquement la pression et trois applications d'oeufs de chrysopes sur la fleur ont permis de gagner en efficacité. À SUDEXPÉ, avancer les traitements de sortie d'hiver semble prometteur, mais d'autres essais sont nécessaires pour conforter cette stratégie. Bertrand Alison (CTIFL-SUDEXPÉ) dresse le bilan du projet SIMPA avec une approche factorielle utilisant des produits naturels peu préoccupants et des produits de biocontrôle et une approche multifactorielle avec les plantes de service. Les études au laboratoire sur les huiles essentielles (PNPP) montrent un effet répulsif intéressant de la menthe poivrée et un effet biocide de l'ail et du patchouli. Mais lorsqu'elles sont appliquées au verger, elles provoquent une forte phytotoxicité : un travail sur la formulation est à réaliser. Le logiciel d'aide à la décision RIMpro qui simule le cycle biologique du puceron cendré permet de positionner les produits de biocontrôle de contact précocement, mais les résultats sont très hétérogènes et les conditions d'applications optimales sont encore à élaborer. Quant aux plantes de service, elles apportent de la biodiversité fonctionnelle et de la régulation des pucerons, en particulier le romarin, les tagètes et la menthe poivrée, mais la faisabilité au verger reste compliquée.
Parmi les stratégies appliquées contre le carpocapse du pommier en 2024 dans des vergers à fort historique « carpocapse », les meilleurs résultats sont obtenus avec une stratégie combinant la confusion sexuelle renforcée avec une pulvérisation de phéromones (Cydia pro spray), un chlorantraniliprole en fin de première génération et quatre applications du virus de la granulose additionnés d'adjuvants. SUDEXPÉ et Invenio travaillent également une approche de lutte biologique en s'inspirant de la technique de l'augmentarium. Le principe consiste à disposer des larves parasitées dans des contenants fermés dont le couvercle présente une ouverture obturée par un filet, afin que le ravageur soit prisonnier, mais que les auxiliaires puissent se multiplier et s'échapper pour coloniser la culture. C'est une technique employée sur les mouches des fruits.
Que faire contre Drosophila suzukii, les cicadelles et les punaises ?
Les stations d'expérimentation Sefra et SUDEXPÉ ainsi que le CTIFL sur son centre de Balandran et son antenne de La Tapy évaluent le piégeage massif, les répulsifs, les produits de biocontrôle, les filets Alt'Droso et la technique de l'insecte stérile (TIS) pour lutter contre D. suzukii. Sur deux campagnes, deux produits répulsifs testés n'ont pas permis d'obtenir les mêmes niveaux d'efficacité d'une année à l'autre, principalement à cause de différentes pressions de D. suzukii et de la présence ou non de Rhagoletis cerasi. De même, en présence d'une très forte pression de D. suzukii, aucun des sept produits testés - argiles, huile de paraffine, kaolin, azadirachtine, silice, talc et huile essentielle - n'a permis, en petites parcelles d'expérimentation, de maîtriser le ravageur. À noter qu'il existe des produits « Attract&Kill » mais qu'aucune firme phytosanitaire ne souhaite se positionner pour porter les produits à l'homologation en France.
Cinq types de filets monorangs Alt'Droso sont testés sur l'antenne CTIFL de La Tapy. Les niveaux d'attaque sont ceux de la modalité traitée en PFI. Aucune différence statistique n'est observée entre les filets. Il en est de même pour l'incidence des filets sur la qualité des fruits (fruits doubles, fruits fendus, fruits pourris), la qualité est du même niveau que le témoin traité, voire meilleure grâce à l'effet barrière des filets. Ce qui distingue les filets entre eux, c'est leur tenue dans le temps et leur résistance aux intempéries.
Ghais Zriki (CTIFL) expose les résultats des essais TIS 2022 et 2023 sur fraisier contre D. suzukii sur le centre CTIFL de Balandran. En petits tunnels fermés, la proportion de fruits infestés est divisée par 5 pendant les 5 semaines d'essai. En tunnels ouverts, D. suzukii n'a pas été maîtrisée. Les deux raisons majeures qui l'expliquent sont un problème de qualité des mâles stériles lâchés et un démarrage trop tardif des lâchers. De manière générale, les lâchers doivent être réalisés au début de printemps, avant l'apparition des femelles sauvages en se basant sur du monitoring pour augmenter et adapter la densité des lâchers. Le nombre de lâchers serait bihebdomadaire dans et autour du tunnel à protéger. La prophylaxie est indispensable tout au long de la saison. Entre avril et octobre 2024 l'unité de production PiloTis du CTIFL a produit 2,5 millions de pupes de D. suzukii. Les mâles sont triés, marqués et stérilisés pour être ensuite stockés et lâchés. Des tests de qualité doivent être réalisés pour mesurer la compétitivité des mâles irradiés et leur longévité.
Face au développement des cicadelles vertes sur pêcher, une gamme de produits (argiles, kaolin, huile essentielle d'orange douce, azadirachtine) a été évaluée au CTIFL et à SUDEXPÉ. Dans l'essai du CTIFL, le kaolin et l'azadirachtine ont permis de baisser les populations de cicadelles sur la base de quatre applications avec 73 % d'efficacité sur feuilles en 2023. En revanche, à SUDEXPÉ, trois barrières physiques à base d'hydroxyde de calcium, de carbonate de calcium et d'argiles, appliquées cinq fois, n'ont eu aucun impact sur les cicadelles adultes (2024), y compris en démarrant précocement. Elles n'ont également eu aucun impact sur les populations de larves. Une explication serait que les observations sont réalisées sur les pousses en croissance non protégées par les barrières physiques au moment du traitement. Seule la référence « pyréthrinoïdes » réduit sensiblement et significativement les dégâts. Dans le cadre du PAUPFL, la station SUDEXPÉ expérimente une technique d'aspiration des insectes. Les campagnes 2023 et 2024 montrent une légère diminution des populations de nymphes sur deux parcelles avec des aspirations hebdomadaires. La même tendance est observée pour les populations d'adultes, mais celles-ci restent importantes et le procédé ne réduit pas les dégâts.
Pour protéger les noisetiers des attaques de la punaise diabolique Halyomorpha halys, l'ANPN étudie un dispositif « Attract & Kill » et la lutte biologique. Le dispositif « Attract & Kill » est composé d'une bande semée de trois types de plantes piège, le tournesol, le sorgho et le soja. Des phéromones Trécé placées dans la bande de plantes piège accentuent l'attraction. La bande est ensuite traitée avec une pyréthrinoïde. La proportion de noisettes nécrosées à proximité des plantes piège est significativement moins importante que dans la zone de traitement conventionnel et dans le témoin non traité. La lutte biologique est mise en place avec un élevage local de parasitoïdes oophages, Trissolcus mitsukurii. L'objectif depuis 2022 est de produire environ 150 ooplaques par semaine.
Gérer les adventices autrement
Maria-Martha Fernandez (CTIFL) étudie deux moyens agroécologiques de gestion des adventices : empêcher le développement d'une flore spontanée potentiellement nuisible par l'installation d'une flore maîtrisée et agir sur le stock semencier en favorisant la levée des adventices, pour mieux les détruire avant la mise en culture avec la technique du faux semis. Des associations de flore sont implantées dans un verger de pruniers sur le site de Lanxade. Elles se composent de deux essences combinées : Thym serpolet et Trèfle nain, Thym serpolet et Luzerne naine, Potentille et Trèfle nain, Potentille et Luzerne naine, Piloselle et Trèfle nain ou Piloselle et Luzerne naine. Si la première, voire la deuxième année, la flore s'est installée, les adventices finissent par prendre le dessus sur toutes les modalités. L'implantation seule d'une flore herbacée peu compétitive ne suffit pas pour réguler les adventices sur les bandes de plantation. L'expérimentation conduite en jeune verger de pommiers consistait à préparer le sol avant plantation, de deux manières, en fin de printemps, et de les comparer à une préparation classique à l'automne : un faux semis avec sept passages de cultivateur pour lever les adventices et les détruire ensuite et l'occultation-solarisation par la pose d'un paillage plastique après passage d'un vibroculteur. Même si les cinq premiers mois, le faux semis présentait un avantage significatif, dès le mois de septembre, c'est la préparation classique qui donne les meilleurs résultats. En conclusion, le faux semis et l'occultation ne sont pas intéressants.
Le centre CTIFL de Balandran travaille sur des alternatives au désherbage chimique des fruits à noyau. Sur les trois premières années du verger, quatre modalités sont mises en place : la bâche tissée, le travail du sol, le travail du sol avec désherbage chimique sans glyphosate et le désherbage chimique sans glyphosate. Ce sont les modalités « travail du sol avec désherbage chimique » et « bâche tissée » qui présentent les meilleures performances agronomiques. Les molécules chimiques disponibles sur jeunes vergers ne sont pas suffisantes pour gérer les adventices et la concurrence des adventices impacte le développement des arbres et la production en 3e année. La bâche tissée est très efficace, mais la question se pose sur sa durée de vie et sur les impacts négatifs à long terme sur la vie du sol.
Delphine Sneedse expose les contraintes spécifiques du verger de noyers dans lequel la récolte des noix se fait au sol ce qui implique le maintien d'un enherbement ras. Le robot de tonte maintient les adventices à une hauteur de 50 cm entre les mois de mars et de mai, pour ensuite progressivement atteindre une dizaine de centimètres mi-septembre. L'inconvénient de ce robot est sa sensibilité aux irrégularités du terrain mais son avantage est son autonomie. Le désherbage électrique avec un tracteur, comparé à deux passages au glyphosate, en mai et août, a mieux maîtrisé la hauteur du couvert pour atteindre une vingtaine de centimètres mi-septembre.
Techniques d'application : limiter la dérive, adapter les doses et changer le mode d'application
La technologie de pulvérisation joue un rôle central dans la réduction de la dérive. Trois facteurs clés interviennent : la taille des gouttes (buses à injection d'air), la distance entre les buses et la cible ainsi que le réglage du pulvérisateur (flux d'air, pression, ajustement des buses par rapport à la hauteur de la végétation). Florence Verpont (CTIFL) expose les méthodologies pour mesurer la dérive et classer les équipements selon le pourcentage de réduction de dérive obtenu par rapport à une référence. Ainsi, 107 appareils figurent sur la liste officielle 2023 des moyens de limitation de la dérive.
Le projet ADOPA porte sur la possibilité d'adapter les doses des produits phytosanitaires en vergers de fruits à noyau, conduits en gobelet et avec une croissance en volume. La pulvérisation s'effectue avec des turbines axiales avec un gros volume de mouillage. Différents itinéraires sont étudiés en 2023 et 2024. Les premiers enseignements sur les performances obtenues en adaptant les doses sont les suivantes : ne pas réduire la dose à moins de 50 % de la quantité requise et ne pas réduire la dose des produits de biocontrôle. La haie fruitière ne permet pas d'améliorer les performances sanitaires et agronomiques. Pour les vergers en gobelet, travailler en concentration constante.
La micro-injection consiste à introduire directement dans les vaisseaux du xylème les produits de protection des plantes. Sur l'usage pucerons cendrés du pommier, l'idée est d'intervenir avec une injection à l'automne et/ou une autre au printemps. L'expérimentation est conduite avec les aphicides homologués ou en dérogation, mais non formulés pour la micro-injection et injectés manuellement. Les meilleurs niveaux d'efficacité sont obtenus avec l'azadirachtine, entre 88 et 97 %, suivi de la flonicamide, entre 26 et 89 %. D'autres usages travaillés en arboriculture fruitière atteignent des niveaux d'efficacité très différents : jusqu'à 90 % pour les chenilles foreuses (châtaignier et noyer), entre 70 et 80 % pour la mouche du brou, 50 % pour D. suzukii et les pourritures des châtaignes. Et, pour la tavelure, moins de 30 % sur pousses et moins de 10 % sur fruits. Pour être utilisée par les arboriculteurs, des dossiers de demande d'autorisation de mise sur le marché avec cette technique d'application doivent être déposés à l'ANSES pour évaluation.
Pour conclure
Rendez-vous sur le site www.ctifl.fr pour visualiser toutes les présentations des Rencontres phytosanitaires fruits et vous informer sur d'autres thèmes non repris dans cet article, comme la surveillance du territoire et l'émergence des bioagresseurs (DGAL), le plan national et les bonnes pratiques en faveur des pollinisateurs et de la pollinisation (DGAL - Association Contrat de Solutions), un inventaire non exhaustif à dire d'experts des méthodes, techniques alternatives testées ou pratiquées en arboriculture fruitière (DGAL), le suivi des projections de spores de tavelure avec un capteur dénommé Spornado (SUDEXPÉ), les essais stratégie contre D. suzukii (CTIFL Balandran), les essais barrières physiques contre les cicadelles vertes du pêcher (CTIFL La Tapy) et la performance environnementale et réglementaire du matériel de pulvérisation (DGAL).
Le comité des solutions
À l'initiative du Ministère en charge de l'Agriculture, le Comité des Solutions a mis en place en mars 2024 a mobilisé les représentants professionnels des différentes filières agricoles afin de répondre aux difficultés rencontrées par les agriculteurs pour la protection de leurs cultures. Pour les usages identifiés critiques par la Commission Nationale des Usages Orphelins, l'objectif est d'identifier les produits phytosanitaires autorisés dans d'autres États membres de l'Union européenne et non homologués en France et de mettre en place un plan d'action avec l'industrie phytosanitaire pour trouver des solutions rapides et pérennes. Les leviers réglementaires mobilisables sont la reconnaissance mutuelle des autorisations selon l'article 40 et les extensions d'usages pour des utilisations mineures selon l'article 51 du règlement UE 1107/2009.
Le plan Alternatives d'urgence phytosanitaire fruits et légumes (PAUPFL)
Dans un contexte de disparition de substances actives phytosanitaire amenant à des impasses pour la protection des cultures, un accord entre le Ministère en charge de l'Agriculture et l'Interprofession des fruits et légumes représentée par les présidents SIREF, Interfel et CTIFL, a conduit à la constitution d'un réseau d'expérimentation coordonné par le CTIFL et composé de 12 stations d'expérimentations régionales : ANPN, APREL, Caté, CDDM, Cefel, Invenio, Pôle légumes Nord, Sefra, Senura, Sileban, SUDEXPÉ, Terre d'essais. Le financement est de 2,5 M€ du MASA, instruit par la DGER et 500 k€ d'Interfel, instruit par la Commission SIREF d'Interfel, pour 9 actions fruits et 15 actions légumes, choisis selon leur caractère d'urgence et la possibilité d'obtenir des solutions à court terme, pour un délai de trois ans.
Pour en savoir plus : les articles publiés dans INFOS-CTIFL
- Alternatives au désherbage chimique des fruits à noyau : Effets de diverses stratégies de désherbage sur la phase d'installation d'un verger, INFOS CTIFL N° 403, novembre-décembre 2024
- Filets anti-insecte : Une gamme de filets anti-insecte monorang contre Drosophila suzukii qui s'étoffe, INFOS CTIFL N° 404, janvier-févier 2025
- Mesure de la dérive : Un verger artificiel pour l'optimisation de la pulvérisation en arboriculture, INFOS CTIFL N° 403, novembre-décembre 2024
- Micro-injection : La micro-injection sécurisée pour protéger les cerisiers contre Drosophila suzukii, INFOS CTIFL N° 398, janvier-février 2024
- Projet ADOPA : Adapter la stratégie phytosanitaire à l'évolution de la végétation, INFOS CTIFL N° 399, mars-avril 2024
- Projet Horizon 2025 : Maîtrise de la tavelure du pommier sans fongicides potentiellement en difficulté, INFOS CTIFL N° 401, juillet-août 2024
- Projet SIMPA : Maîtriser les pucerons des arbres fruitiers en limitant l'utilisation des insecticides, INFOS CTIFL N° 376, novembre 2021
- Technique de l'insecte stérile sur fraise : Premier succès pour le projet SuzuKIISS:ME pour lutter contre Drosophila suzukii, INFOS CTIFL N° 389, mars 2023
Les données clés à retenir
Les Rencontres phytosanitaires fruits CTIFL-DGAL (Direction Générale de l'Alimentation) sont un lieu d'information, de partage de connaissances et de dialogue pour avancer collectivement sur les problématiques phytosanitaires. La filière arboricole est dans une situation difficile, face à une réduction des substances actives et une restriction d'emploi des produits phytosanitaires mais aussi face à l'émergence ou la réémergence des bioagresseurs. Les différents usages travaillés dans le cadre du Plan Alternatives d'urgence phytosanitaire Fruits et Légumes (PAUPFL) et d'autres projets montrent les limites des alternatives qu'elles soient de biocontrôle, mécaniques, biologiques ou autres. Seules, elles n'arrivent que rarement aux mêmes niveaux d'efficacité que les produits de protection dits conventionnels et nécessitent d'être étudiés de manière combinée.