Le marché de l'artichaut entre stabilité et nouveaux acteurs
Aujourd'hui, plus des deux tiers de la production mondiale d'artichaut se concentrent autour du bassin méditerranéen. Selon l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, la production mondiale s'élève à 1,6 million de tonnes pour une superficie de 115 000 hectares.
Chaque année, entre 40 000 et 50 000 tonnes d'artichaut sont échangées dans le monde. Les flux sont restés relativement stables en volume et en valeur entre 2014 et 2024. 70 % des exportations mondiales proviennent d'Europe, principalement d'Espagne, de France et d'Italie. Cependant, la dynamique des échanges évolue : tandis que la France et l'Italie connaissent une baisse ou une stagnation de leurs exportations, l'Espagne et les Pays-Bas enregistrent une légère hausse. L'Égypte et les pays du Maghreb renforcent progressivement leur présence sur le marché international. L'Afrique représente désormais près de 20 % des exportations mondiales, soit un peu plus de 10 000 tonnes, dont la destination principale est l'Italie.
En 2022, l'Italie demeure le producteur principal avec 459 962 tonnes, suivie de l'Égypte avec 378 110 tonnes et de l'Espagne avec 200 070 tonnes. Cette même année, la France a produit 17 915 tonnes d'artichaut. La production française est centrée en Bretagne, en Provence et dans le Languedoc-Roussillon. En Bretagne, la surface dédiée à l'artichaut a diminué de 44 % en 10 ans. En 2023, la production bretonne s'élevait à 16 000 tonnes.
Pour ouvrir cette Journée Nationale Artichaut, assistez à la conférence inaugurale « Le marché de l'artichaut » présentée par Xavier Vernin (CTIFL). Cette conférence propose une analyse approfondie du marché de l'artichaut.
L'artichaut en perte de vitesse : comment inverser la tendance ?
L'artichaut peine à séduire de nouveaux consommateurs. Son taux de pénétration est passé sous la barre des 35 %, avec une consommation principalement portée par les plus de 50 ans. En moyenne, un ménage français n'en consomme que 750 g par an, contre 8 kg en Italie. Pourtant, ce légume évoque des souvenirs d'enfance et est apprécié pour son image conviviale liée à son mode de dégustation ludique. Son image vieillissante, les idées reçues sur son temps de cuisson et son prix jugé élevé freinent son adoption, en particulier chez les jeunes générations.
Pour relancer sa consommation, la filière mise sur plusieurs leviers. L'innovation variétale est un des leviers utilisés avec le Violet de Provence et le Cardinal, des variétés artichauts plus attirantes qui se distinguent par un goût plus doux et des feuilles moins épineuses ce qui facilite leur préparation (Figure 1). En parallèle, des outils pratiques comme le Végécook®, développé par Prince de Bretagne, permettent une cuisson au micro-ondes en seulement 10 minutes, sans altérer les qualités nutritionnelles (Figure 2).
Pour mieux comprendre ces tendances et les stratégies à adopter, venez à la conférence « La consommation de l'artichaut en France », animée par Catherine Baros (CTIFL). Participez également aux débats et tables rondes réunissant producteurs et distributeurs autour de la question : « Quelle place pour l'artichaut français sur les marchés et les tables des consommateurs en France d'ici quelques décennies ? ».
Production et organisation du travail : entre innovations et contraintes
La culture de l'artichaut est très exigeante en main-d'oeuvre, avec un pic de 65 h de travail par semaine en été. De la plantation, environ 16 h/ha, à la récolte et au conditionnement qui prennent jusqu'à 36 h/ha pour le Petit Violet, chaque étape nécessite une attention particulière. Si les innovations mécaniques ont réduit le temps de travail de 200 h/ha à 150 h/ha entre 1998 et 2025, d'autres contraintes persistent.
Les producteurs font face à des exigences réglementaires croissantes, notamment en matière de fertilisation et de protection des cultures. Les plans de fumure, bien que majoritairement ajustés à l'aide d'outils comme Equiterre ou Nitracheck, sont souvent perçus comme une contrainte administrative. En désherbage, la suppression de certaines substances actives a entraîné une hausse du temps de gestion des adventices, passant de 10 h/ha en 2014 à 16 h/ha en 2022. Le tout binage reste une solution chronophage et contraignante.
Face à ces défis, les producteurs recherchent la rentabilité et la réduction de la pénibilité. Si certains réduisent la surface consacrée à l'artichaut ou cherchent à limiter les aléas, d'autres expérimentent des solutions innovantes. L'utilisation d'exosquelette lors de la récolte, testée avec succès par la Chambre d'agriculture de Bretagne, ouvre des perspectives pour alléger la charge physique du travail.
Pour approfondir ces enjeux, venez à la conférence « Les temps de travaux en artichaut, difficultés techniques » animée par la Chambre d'agriculture de Bretagne.
Les alternatives à la multiplication végétative : les artichauts de semis et les vitroplants
Traditionnellement, l'artichaut est cultivé à partir de drageons (Figure 3), une méthode de multiplication végétative, qui reproduit à l'identique, génétiquement parlant, la variété de départ. Bien qu'économique, cette technique favorise la transmission des virus d'une génération à l'autre. Délaissée pendant près de deux siècles en France, la multiplication par semis fait son retour grâce à de nouvelles variétés hybrides F1 telles que Capriccio (petit violet), Madrigal (petit vert) ou Sambo (charnu vert) (Figure 3). Ces variétés facilitent le travail des producteurs : elles réduisent la pénibilité et fournissent des plants plus homogènes et exempts de maladies.
La micropropagation in vitro de l'artichaut, à partir de tissus méristématiques, est une autre alternative aux drageons (Figure 4). Une innovation récente intègre un processus d'acclimatation des vitroplants en plaque de plantation. Ce processus facilite la transplantation et réduit les coûts de production. Cette approche améliore l'efficacité des cultures et renforce la rentabilité de la filière. Toutefois, son déploiement à grande échelle reste complexe et nécessite des ajustements techniques et économiques. L'optimisation des protocoles de micropropagation et le développement de pratiques innovantes sont essentiels pour assurer la viabilité de cette méthode. Un investissement en recherche et développement est indispensable pour dépasser les obstacles existants et mettre en place un système de production durable et compétitif.
Pour en savoir plus sur ces innovations, assistez à la conférence « Nouveaux matériaux végétaux : une réponse aux préoccupations du producteur et de l'aval », réalisée par l'Organisation Bretonne de Sélection (OBS).
Maladies et ravageurs de l'artichaut : anticiper, protéger, innover
Le mildiou reste la principale menace sanitaire de l'artichaut, que ce soit en Bretagne ou dans le sud de la France où il est souvent associé à l'oïdium (Figure 5). En plus d'endommager le feuillage, il peut altérer les capitules et compromettre leur qualité après récolte. La lutte contre cette maladie est d'autant plus complexe que le développement de nouvelles variétés résistantes prend jusqu'à 15 ans, ce qui empêche l'apport de solutions rapides. Pour réduire la dépendance aux traitements conventionnels, des essais de biocontrôle et l'utilisation de substances naturelles sont en cours. Des outils innovants, comme les capteurs de spores développés dans les projets Vigispores et MetAlMilArt, offrent de nouvelles perspectives pour anticiper l'apparition du mildiou en parcelle et optimiser les stratégies de protection (Figure 6).
Les pucerons constituent une menace importante pour la culture d'artichaut, en particulier Capitophorus horni et Aphis fabae cirsiiacanthoidis, qui s'attaquent au feuillage et aux capitules (Figure 5). Pour limiter leur impact, le projet EFFICACE évalue l'utilisation de plantes de services comme l'ortie ou le lychnis dioïque. Ces plantes favorisent la présence des auxiliaires naturels tels que les syrphes et les coccinelles.
Un phénomène préoccupant refait surface : ce sont les têtes bloquées, qui peuvent affecter une parcelle entière en quelques semaines, notamment sur la variété Cardinal. L'origine de ce problème reste inconnue, et plusieurs hypothèses sont à l'étude : carences, déséquilibres du sol ou présence de ravageurs.
Pour en savoir plus, participez à la conférence « Maladies et ravageurs de l'artichaut » animée par le CTIFL.
En un mot comme en cent
Que vous soyez producteur, conseiller agricole ou agroéquipementier, cette Journée Nationale Artichaut organisée le mardi 20 mai 2025 vous apportera un éclairage précieux sur l'avenir de la filière. Une occasion unique de découvrir les dernières avancées, d'échanger avec les professionnels et de contribuer aux évolutions de la filière Artichaut française. Ne manquez pas cet événement clé pour rester à la pointe de l'innovation et relever ensemble les défis de demain !
Les données clés à retenir
L'artichaut Cynara scolymus L. est une culture emblématique du bassin méditerranéen qui appartient à la famille des chardons. Malgré des atouts culinaires et gustatifs, la filière de l'artichaut fait face à de profondes mutations : évolution des marchés, contraintes agronomiques, enjeux de production et nouvelles attentes des consommateurs.
Pour répondre à ces défis, la Journée Nationale Artichaut, organisée par le CTIFL en partenariat avec le CATE, le CERAFEL et l'ANEEFEL, est une opportunité d'échanges sur les perspectives du secteur. Cet événement incontournable fera un tour d'horizon des thématiques principales qui façonnent l'avenir de la filière.